VIH/SIDA et allaitement : traiter le nourrisson pour éviter la transmission
11 mars 2014
Traiter par antirétroviraux des nourrissons dont la mère est séropositive au VIH réduit considérablement le risque de transmission du virus au cours de l’allaitement. ©Destination Santé
Choisir de placer l’enfant sous antirétroviraux plutôt que sa mère pour réduire le risque de transmission du VIH/SIDA au cours de l’allaitement ? Cette option préventive s’avère très efficace, selon une étude présentée par l’ANRS à la 21e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2014) à Boston. Une bonne nouvelle pour les femmes et les enfants d’Afrique subsaharienne notamment.
Un essai randomisé baptisé ANRS 12174 Promise-PEP a été mené en Afrique par les Prs Philippe Van de Perre (INSERM U1058, Université de Montpellier 1) et Nicolas Meda (Centre Muraz, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso). Dans ce cadre, 1 273 enfants, nés de mères séropositives mais dont l’état de santé ne nécessitait pas qu’elles prennent un traitement, ont été suivis. A partir du 7e jour de leur vie, ces nouveau-nés ont reçu un traitement prophylactique jusqu’à 1 semaine après le sevrage. Soit une durée maximale de traitement de 50 semaines. Parmi eux, un groupe de 636 nourrissons a reçu de la lamivudine (3-TC), tandis qu’un autre de 637 a été traité avec la combinaison lopinavir/ritonavir (LPV/r).
Un pas en avant vers la prophylaxie
A la fin de ce travail, 17 infections ont été diagnostiquées, 8 dans le groupe LPV/r et 9 dans le groupe 3-TC. Soit un taux de transmission faible de 1,4%. Rappelons que le traitement de la mère séropositive pendant l’allaitement ne permet d’éviter qu’environ 50% à 60% des infections transmises à l’enfant. En outre, « aucun effet indésirable grave attribuable aux molécules n’a été observé », précisent les auteurs, qui n’ont pas non plus noté de « différence significative entre les deux groupes ». Enfin, « le taux de survie des nouveau-nés qui restent non-infectés jusqu’à 50 semaines (96,5%) est le plus élevé jamais rapporté dans une étude ».
« Ces résultats représentent une avancée importante pour les femmes africaines vivant avec le VIH et leurs enfants », se réjouissent-ils. En effet, ceux-ci montrent que « le schéma prophylactique pendant la période complète d’allaitement, est applicable, très bien toléré et permet d’éliminer le risque résiduel de transmission observé jusqu’ici ».