VIH/SIDA : aux Etats-Unis, un petit contrôleur ?

04 mars 2013

La petite fille américaine a été contaminée in utero par le virus du VIH/SIDA. ©Phovoir

Un enfant « guéri » du SIDA ? Pas exactement. En réalité, la petite fille de deux ans, née séropositive dans le Mississipi, présente aujourd’hui une charge du virus indétectable. En d’autres termes, son propre système immunitaire réussit à contrôler, sans traitement antirétroviral, la prolifération du virus dans son organisme. Les spécialistes estiment que le traitement très précoce qu’elle a reçu – moins de 30 heures après la naissance – a permis à son organisme de se défendre. Le Dr Asier Saez-Cirion, chargé de recherche dans l’Unité de régulation des infections rétrovirales, à l’Institut Pasteur de Paris, explique que ce phénomène s’il est rare, n’est pas unique.

« On appelle ces patients des contrôleurs après traitement », indique le Dr Saez-Cirion. Leur organisme réagit comme celui des contrôleurs du VIH. Ces derniers sont moins de 0,5% de la population séropositive mais présentent une caractéristique très intéressante. En effet, sans aucun traitement antirétroviral, la réplication virale est interrompue. Résultat : leur charge virale reste infime. Leur organisme semble, tout seul, capable de maintenir l’activité du VIH à son plus bas niveau. Dans le cas des contrôleurs après traitement, « le phénomène est le même. A la différence près que ces individus ont reçu un traitement antirétroviral très précocement et sur une longue durée », souligne-t-il.

Ainsi, « nous suivons 14 patients (appelés cohorte Visconti) à l’Institut Pasteur, traités très rapidement après leur infection, pendant 3 ans en moyenne. Ensuite, une fois leur traitement interrompu, leur charge virale est restée indétectable. Un peu comme chez ce nourrisson américain », poursuit Asier Saez-Cirion. « Certains de ces patients contrôlent ainsi le VIH dans leur organisme depuis plus de 10 ans. »

Prévention de la transmission mère-enfant

Il ne s’agit pas pour autant d’envisager cette possibilité comme une méthode de prévention. « Entre 5% et 15% des patients traités ainsi très précocement réussissent à contrôler leur charge virale », insiste le Dr Saez-Cirion. Chez les autres, l’arrêt du traitement entraîne dans les mois qui suivent, la réplication rapide du virus.

« Pour le cas des nouveau-nés, une infection in utero, comme celle de cet enfant aux Etats-Unis, reste heureusement rare en France », ajoute-t-il. Lorsqu’une femme enceinte est séropositive, elle est traitée, réduisant ainsi le risque de transmission à son enfant. Les traitements antirétroviraux des femmes enceintes permettent ainsi d’éviter de transmettre le virus à l’enfant dans 98% des cas. Ce protocole thérapeutique pourrait bénéficier aux 300 000 enfants nés séropositifs chaque année dans le monde.

« C’est la meilleure option, mais dans le cas d’une infection – chez un adulte comme chez un enfant -, il est probable qu’un traitement très précoce ait des effets positifs », poursuit-il. Une stratégie intéressante quand on sait que seulement « 28% des nouveau-nés exposés au VIH étaient testés dans les 6 mois suivant leur naissance en 2010 », souligne l’ONUSIDA.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

  • Source : interview du Dr Asier Saez-Cirion, chargé de recherche dans l’Unité de régulation des infections rétrovirales, Institut Pasteur, 4 mars 2013 – ONUSIDA, 4 mars 2013

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