VIH/SIDA : une guérison… uniquement fonctionnelle
15 mars 2013
Les recherches se poursuivent pour comprendre le mécanisme permettant à certains séropositifs de contrôler le virus, après traitement. ©www.plospathogens.org
Quatorze séropositifs au VIH n’ont plus besoin de traitement. Rien de nouveau a priori, puisque 0,5% des patients infectés par le virus du SIDA sont naturellement capables de maintenir son activité sous contrôle. C’est ce que les spécialistes appellent des contrôleurs. Les 14 patients dont il est ici question, et dont le cas fait l’objet d’une publication dans Plos Pathogens, n’étaient pas des contrôleurs naturels. L’équipe du Dr Asier Saéz-Cirion, chargé de recherche dans l’Unité de régulation des infections rétrovirales, à l’Institut Pasteur de Paris, a induit cette « guérison fonctionnelle » par l’administration très précoce d’antirétroviraux. Un espoir pour environ 15% des séropositifs. Attention toutefois, « cette méthode de traitement précoce ne peut guérir l’infection », préviennent les auteurs.
L’étude menée à l’Institut Pasteur impliquait des chercheurs de plusieurs centre hospitaliers français. Elle a concerné au total, 14 patients. Tous infectés par le virus du SIDA à l’âge adulte, ils ont bénéficié d’un traitement antirétroviral très précoce, dans les 10 semaines suivant leur contamination. Le protocole thérapeutique a été maintenu pendant une période médiane de 3 ans. Chaque patient a ensuite interrompu son traitement, sous surveillance médicale… pour voir comment réagissait le virus. Surprise, leur système immunitaire a pu maintenir la charge virale au plus bas. En tout cas, à un niveau équivalent à celui des contrôleurs naturels.
Mieux encore : les auteurs ont observé « une diminution du nombre de cellules infectées circulant dans le sang, au cours des 4 années qui ont suivi ». En effet, certains de ces patients ont cessé les antirétroviraux il y a plusieurs années. « Le traitement précoce a probablement limité l’extension des réservoirs viraux et préservé les réponses immunitaires », explique le Pr Christine Rouzioux, de l’hôpital Necker, co-auteur de l’étude.
Dépister et traiter le plus vite possible
« Comme dans le cas du nourrisson américain (qui a été récemment évoqué) la mise sous traitement très précoce ne nous permet pas d’évaluer si nos 14 patients n’auraient pas contrôlé spontanément leur infection », admet le Dr Saéz-Cirion. « Néanmoins, la plupart ne présentent ni les caractéristiques génétiques favorables, ni le type de réponses immunitaires habituellement observées chez les contrôleurs naturels du VIH. »
Les résultats de cette étude plaident donc en faveur d’une initiation précoce du traitement après l’infection. Et donc d’un dépistage également précoce. Il ne s’agit pas pour autant d’envisager ce protocole thérapeutique comme méthode de prévention. « Entre 5% et 15% des patients ainsi traités réussissent à contrôler leur charge virale », insiste le Dr Saez-Cirion. Chez les autres, l’arrêt du traitement entraîne, dans les mois qui suivent, la réplication rapide du virus. De plus et comme le rappellent les auteurs, « cette méthode de traitement précoce ne peut pas guérir l’infection ».
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par :Emmanuel Ducreuzet