Zika : sous surveillance estivale en France

31 mai 2016

La survenue d’une épidémie à virus zika sur le continent américain inquiète les autorités et la population jusqu’en Europe. Même si la probabilité d’une propagation sur le Vieux Continent est faible, elle n’est pas nulle. Dans l’éditorial de la dernière livraison du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), Éric Caumes et Daniel Camus, respectivement Président et vice-président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation (CMVI), font un point sur la situation.

Le virus zika n’est pas nouveau et les spécialistes le connaissent relativement bien. C’est en substance ce que notent Éric Caumes et Daniel Camus dans le BEH. Ainsi « finalement, la découverte la plus significative des derniers mois est le risque de transmission materno-fœtale et la possibilité de graves malformation fœtales ». Le risque de malformations neurologiques d’importance a été estimé à 1% des grossesses de femmes infectées.

Les autorités françaises recommandent donc aux femmes enceintes le report de tout voyage en zone d’épidémie ainsi qu’aux voyageuses en âge de procréer qui s’y rendent et aux femmes vivant en zone d’épidémie, de différer tout projet de grossesse tant que l’épidémie est active. « C’était une décision difficile mais, faute de prévention efficace, c’était la seule […] logique », soulignent-ils.

Le risque d’importation par voie sexuelle sur le territoire national ?

« Le virus Zika a été ajouté par les autorités sanitaires à la liste des autres arbovirus (dengue, chikungunya) pour lesquels des précautions doivent être prises en France métropolitaine pour y prévenir son installation et la pérennisation de sa transmission par Ae. Albopictus ». Les auteurs admettent toutefois être « dans l’inconnu » face au défi de surveillance et de contrôle la propagation de ce virus.

Certes, Ae. Albopictus, présent dans le Sud de l’Europe et en France jusqu’en région parisienne, est capable de transmettre la dengue et le chikungunya. Mais ce n’est finalement pas cette voie qui inquiète le plus les auteurs. En effet, contrairement à ces deux virus, le zika est « asymptomatique dans près de 80% des cas et il se transmet aussi par voie sexuelle ». Des voyageurs peuvent ainsi facilement – et sans le savoir – transmettre le virus une fois revenus en France.

Résultat, il est difficile de le pister. Les auteurs soulignent toutefois le rôle des médecins. Avant le départ à l’étranger pour ceux qui partent et après le retour. Avant, « dans la prévention des infections sexuellement transmissibles qui font partie des risques du voyage ». Puis après, « dans le dépistage et le diagnostic de cas d’infection par ces virus sexuellement transmissibles ».

  • Source : BEH, 31 mai 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

Aller à la barre d’outils