Zika : un virus sexuellement transmissible

03 février 2016

Un premier cas de transmission du virus Zika par voie sexuelle a été rapporté. Les autorités sanitaires du comté de Dallas (Texas) ont reçu confirmation de l’infection par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) d’Atlanta. Une inquiétude supplémentaire pour l’OMS, qui a classé l’épidémie en « urgence de santé publique de portée mondiale ». Surtout si la contamination peut se faire par un porteur du virus ne présentant aucun symptôme…

L’épidémie de virus Zika se propage. D’abord localisés sur le continent américain, plusieurs cas ont été rapportés en Afrique et en Asie. En Irlande, deux cas ont été signalés. La transmission du virus par voie sexuelle observée au Texas – par une personne ayant séjourné au Venezuela – pose de nouveaux obstacles à l’endiguement de l’épidémie.

En effet, jusqu’à présent, les recommandations de prévention concernaient uniquement la protection contre les piqûres de moustiques. A présent, des mesures de protection sexuelles seront sans doute nécessaires. Les autorités de santé savent à quel point ces dernières ne sont pas faciles à faire adopter… Néanmoins, d’après le Pr Bruno Lina, virologue à Lyon, « la transmission inter-humaine reste minime. La Zika se transmet essentiellement par la piqûre du moustique ».

Un mode de transmission suspecté depuis longtemps

Depuis la confirmation de ce cas de transmission par voie sexuelle, les autorités sanitaires américaines conseillent l’utilisation du préservatif aux personnes ayant séjourné dans les zones à risque. Toutefois, ce conseil n’est pas assorti d’une limite de temps. Et pour cause, les scientifiques en savent bien peu concernant cette voie de contamination du virus. Seule l’autorité de santé britannique, le Public Health England suggérait déjà depuis quelques jours que les hommes ayant voyagé dans une zone touchée par le Zika porte des préservatifs pendant… 28 jours après leur retour.

Ces dernières années, quelques cas laissaient déjà soupçonner la possibilité d’un mode de contamination par voie sexuelle, mais sans certitude. Ainsi, comme le raconte le New York Times dans son édition du 3 février, « un spécialiste américain du paludisme aurait vraisemblablement transmis le Zika à sa femme en 2008 à son retour chez lui ».

Reste que la durée de survie du virus dans le sperme est toujours inconnue. Les spécialistes n’étant d’ailleurs pas sûrs que le virus ne réside pas en réalité dans le sang. Certains hommes peuvent en effet présenter du sang dans leur sperme. D’autre part, il semble également qu’un homme porteur de Zika pourrait transmettre le virus à un partenaire sexuel, sans pour autant développer lui-même des symptômes.

Le pire scénario ?

Ainsi, prenons l’exemple d’une femme enceinte contaminée par son partenaire et qui ne développerait aucun symptôme. La transmission ne serait alors découverte… qu’à la naissance de l’enfant. Lequel risquerait de présenter une microcéphalie.

Cela explique cette recommandation ajoutée hier par les CDC d’Atlanta : « Les femmes enceintes devraient éviter tout contact avec le sperme d’hommes potentiellement exposés au virus ».

  • Source : interview du Pr Bruno Lina, 3 février 2016 - DCHHS, 2 février 2016 – OMS, février 2016 – Public Health England, 2 février 2016 - New York Times, 3 février 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

Aller à la barre d’outils