La malnutrition, l’ennemi public numéro 1
06 juin 2013
870 millions de personnes souffraient toujours de la faim entre 2010 et 2012. ©FAO/Eddie Gerald
Une alimentation équilibrée et en quantité suffisante n’est pas encore à la portée de tous. C’est le triste constat établi par les chercheurs de la John’s Hopkins Bloomberg School of Public Health de Baltimore (USA), et publié dans la revue The Lancet. A cette occasion, l’OMS et la FAO tirent aussi la sonnette d’alarme en soulignant l’urgence de la situation. La malnutrition « doit être une priorité de santé publique », estiment ces organisations.
La malnutrition « concerne l’insuffisance ainsi que l’excès de nourriture » mais aussi l’ingestion « de mauvais types d’aliments » explique l’OMS. C’est un fléau mondial. Mais elle touche particulièrement les pays en développement. Ainsi, 75% des enfants en surpoids vivent dans ces pays. « La prévalence a presque doublé en Afrique ces 20 dernières années », souligne l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Surpoids et obésité sont en effet des conséquences d’une malnutrition. Toutefois, la principale préoccupation reste la sous-nutrition, qui concerne plus de 100 millions d’enfants de moins de 5 ans à travers le monde.
Le Pr Robert Black et son équipe de la John’s Hopkins Bloomberg School of Public Health, ont analysé les différentes causes de la malnutrition. Pour eux, « la carence en vitamines et minéraux tels que la vitamine A, le zinc, le fer et le calcium, ainsi que l’absence d’allaitement au sein entraînent un retard de croissance et un faible poids des plus jeunes. » Le retard de croissance affectait ainsi en 2011 environ 165 millions d’enfants dans le monde. Conséquence, ces derniers sont davantage susceptibles de développer une maladie infectieuse et de mourir prématurément.
L’alimentation équilibrée : moteur du développement
« Les pays ne réussiront pas à rompre le cercle vicieux de la pauvreté tant qu’une proportion importante de leur population souffrira de malnutrition », estime Robert Black. « Une alimentation équilibrée et suffisante est un moteur fondamental du développement. »
Pour combattre efficacement la malnutrition dans le monde, il met l’accent sur « les 1 000 premiers jours de l’enfant, dès sa conception ». D’où l’importance de l’alimentation des femmes enceintes. Pour améliorer significativement la santé maternelle et infantile, l’équipe de Robert Black a donc établi une série d’actions utiles en matière de nutrition. Tout d’abord, « l’allaitement maternel doit être recommandé ». Il s’agit aussi de fournir à ces populations :
- « De l’acide folique, du calcium, des protéines et des micronutriments aux femmes enceintes ; »
- « De la vitamine A et du zinc aux enfants de moins de 5 ans. »
Ces actions auraient pour conséquences une amélioration de l’état de santé de très nombreuses personnes, dont « 2 milliards souffrent d’une ou plusieurs carences en micronutriments », souligne l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Dénonçant les coûts sociaux et économiques considérables qu’occasionne la malnutrition, son directeur général, José Graziano da Silva, a appelé à « redoubler d’efforts pour éradiquer la faim et la malnutrition. »
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : David Picot