Autodérision : une clé du bien-être
01 juillet 2020
Rire de soi, accepter les mots taquins de vos amis sans vous vexer, mettre en avant vos défauts pour mieux les accepter : a priori l’art de la dérision rime avec apaisement et confiance en soi. Pour autant, nous sommes nombreux à en manquer…
Vous vous vexez, vous renfermez ou montez dans les tours dès qu’il s’agit de rire de vos étourderies ? Vous êtes incapables de prendre à la légère vos défaut ou complexes ? Pas d’inquiétude, nous sommes nombreux à nous croire capables de rire de nous-mêmes. Sauf que dans les faits, ce genre de situation n’est pas toujours bien vécue.
Elle reste gentille, mais la moquerie peut en effet titiller la corde sensible de certaines et certains d’entre nous. Le rire des proches peut en conséquence exacerber un manque de confiance chez les timides, ou mettre à fleur de peau les narcissiques qui associent le rire à un coup de couteau dans leur propre estime. Impossible alors de rire de soi-même malgré le caractère ubuesque, absurde, complètement anodin de telle ou telle scène !
Acceptation de soi et lâcher prise
L’autodérision reste à la fois la clé et le fruit de la paix intérieure et de la confiance en soi. Comment alors apprendre à rire de soi ?
Se connaître et s’accepter : « pour apprendre à rire de soi-même, il faut d’abord avoir une conscience de soi bien développée », décrit Mathieu Vénisse dans son « Petit guide pratique de la confiance en soi ». Rire de soi nécessite de s’être regardé(e) en face et en profondeur plus d’une fois, voire d’avoir remis en question une partie de son être. Pourquoi tel sujet me pique au vif ? A quel point cette sensibilité est née dans mon enfance, mon adolescence ? Est-ce que les autres me veulent autant de mal que cela en riant de moi ? Autant de questions utiles pour « ne pas rester dans le déni de soi » et évoluer sans masque dans votre vie sociale. Il est souvent compliqué de répondre seul(e) à ces questions, et c’est d’ailleurs tout l’intérêt des psychothérapies ;
Se détacher du culte de la performance : les sociétés valorisent davantage les attitudes confiantes et les projets efficients. Raison pour laquelle les blagues sur vos comportements dans la vie de tous les jours et au travail peuvent vous faire bouillir. A ce sujet, vous pouvez lister les points positifs de votre personnalité, de votre carrière professionnelle pour vous ancrer dans ce que vous êtes et ce que vous faites. Il s’agit de remettre au centre « l’estime de soi » comme le souligne Marie-France Hirigoyen dans l’ouvrage « Les Narcisse », mais sans aller dans les extrêmes ;
Voir le verre à moitié plein : rire de soi est une bonne occasion de passer de très bons moments avec vos proches. N’oubliez pas que les personnes capables de sourire de vos petits défauts sont souvent ceux que vous aimez, pas les personnes qui vous veulent du mal ! Comme le rappelle le psychiatre Jean-Christophe Seznec dans son livre « Pratiquer l’ACT par le clown – La thérapie d’acceptation et d’engagement », rire de soi ne convie absolument pas « le cynisme », mais plutôt la « bienveillance » de vous envers vous-même et des autres envers vous.
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Source : « Pratiquer l'ACT par le clown - La thérapie d'acceptation et d'engagement », Edition Dunod, 12 mars 2014, 240 pages, 26 € - « Le petit guide pratique de la confiance en soi », Mathieu Vénisse, à télécharger sur le site www.penser-et-agir.fr - « Les Narcisse », Marie-France Hirigoyen, Edition La Découverte, 5 mars 2020, 200 pages, 17 €
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet