Automesure de la pression artérielle : tout ce qu’il faut savoir
19 janvier 2024
Une tension élevée peut être le signe d’une hypertension artérielle, évoluant en silence pendant des années avant de provoquer des maladies cardiaques, neurologiques, rénales ou vasculaires. Une nouvelle étude confirme l'importance de réaliser trois mesures consécutives pour une évaluation fiable de la pression artérielle.
En France en 2023, « 12 millions d’adultes sont traités contre l’hypertension artérielle mais 5 millions ignorent encore qu’ils sont hypertendus », souligne le Pr Xavier Girerd, président de la Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle.
L’hypertension artérielle est la principale maladie chronique et la première cause de décès cardiovasculaire en France et dans le monde. En effet, si elle n’est pas diagnostiquée ni correctement soignée, cette pression trop élevée dans les vaisseaux sanguins provoque des maladies neurologiques (accidents vasculaires cérébraux/AVC) et cardiologiques (infarctus, insuffisance cardiaque, arythmie).
A quel rythme mesurer sa tension ?
La pression artérielle doit être mesurée dès l’âge de 20 ans, en cas de présence d’un facteur favorisant. Cela peut être le surpoids, la consommation excessive d’aliments contenant du sel caché comme le pain ou le fromage, des antécédents familiaux, et le fait d’avoir déjà eu une tension artérielle élevée. Pour tous, il est recommandé de mesurer sa tension une fois par an, à partir de 30 ans.
Au moyen d’un tensiomètre électronique
« Il est aujourd’hui recommandé d’utiliser des tensiomètres automatiques (au niveau du bras) pour mesurer la pression artérielle, assure l’hypertensiologue. Cette recommandation est partagée par des experts du monde entier, qu’il s’agisse de l’Europe, du Royaume-Uni, des États-Unis ou de l’Asie. En Europe, les tensiomètres automatiques portant le marquage CE peuvent être utilisés en toute confiance. » Ces dispositifs, également appelés tensiomètres électroniques, sont ceux qui affichent les valeurs de la pression artérielle avec le plus de précision.
Non pas une, ni deux mais 3 mesures consécutives !
La méthode employée pour mesurer la tension suit les recommandations des experts en hypertension artérielle, notamment celles de la Société Française d’Hypertension Artérielle, de la Société Européenne de Cardiologie et de la Haute Autorité de Santé. Elle comprend l’utilisation d’un tensiomètre automatique validé, le placement du brassard sur le bras, la mesure réalisée en position assise sans croiser les jambes, dans un environnement calme pendant une période de repos, sans parler. De plus, trois mesures consécutives – toujours sur le même bras – sont effectuées avec un intervalle maximal de 1 à 2 minutes entre chaque mesure.
Cette approche des « 3 mesures » est principalement motivée par le fait que chez un adulte sur deux, la troisième mesure présente une pression plus basse que la première. Une récente étude épidémiologique menée au Canada et qui vient d’être publiée suggère que la tension systolique de la troisième mesure est la plus précise pour évaluer le risque cardio-vasculaire chez un adulte.
La pression systolique représente la force exercée par le sang sur les parois des artères lorsque le cœur se contracte et pompe le sang dans la circulation. Pour sa part, la pression diastolique correspond à la pression exercée sur les parois des artères lorsque le cœur est au repos entre deux battements : c’est le chiffre le moins élevé des deux.
Prendre soi-même sa tension, les règles
Il existe deux situations dans lesquelles une personne peut mesurer sa tension, elle-même, à l’aide d’un tensiomètre automatique. La première situation est pour mesurer la tension à raison d’une fois par an au minimum (Faites le test « Mesurer la tension ») et la seconde raison est pour confirmer le diagnostic d’hypertension, suivre sa tension et contrôler l’efficacité des traitements (Faites le test l’automesure sur 3 jours).
Attention aux gadgets !
Certaines nouvelles technologies telles que les « tensiomètres » intégrés dans des bracelets, bagues, montres, ou caméras faciales utilisent des approches différentes de celles des tensiomètres automatiques classiques. En 2023, les experts en hypertension considèrent toujours ces dispositifs comme des gadgets en ce qui concerne la mesure de la pression artérielle. Ils ne les recommandent donc ni pour le diagnostic de l’hypertension artérielle ni pour sa surveillance. Le Pr Xavier Girerd met en garde : « Un tensiomètre automatique est utile, mais une montre connectée reste un gadget. »
-
Source : Fondation de Recherche sur l’Hypertension Artérielle - Impact of Successive Office Blood Pressure Measurements During a Single Visit on Cardiovascular Risk Prediction: Analysis of CARTaGENE. Hypertension 2023 Oct;80(10):2209-2217. DOI: 10.1161/HYPERTENSIONAHA.123.21510
-
Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet