Bientôt un score pour évaluer la toxicité des produits d’entretien ?
03 septembre 2021
A l’instar du Nutri-Score, le ministère de la Santé envisage de mettre au point un système d’étiquetage indiquant aux consommateurs les risques de toxicité liés aux produits nettoyants. Un enjeu majeur confronté à de nombreux obstacles.
Après le Nutri-Score, le Toxi-Score ? Le ministère de la Santé envisage de créer un nouveau système d’étiquetage permettant aux consommateurs d’évaluer les risques des produits nettoyants comme la lessive, les tablettes pour lave-vaisselle, les désinfectants ou encore les sprays pour cuisine… Concrètement le Toxi-Score indiquerait le niveau de risque du produit via un code couleur et des lettres, classant ainsi les produits ménagers par catégories (A, B, C, D ou E, du vert au rouge), du plus sain au plus à risque.
« L’annonce du développement d’un tel outil est une excellente nouvelle pour tous », se réjouit Robert Barouki, directeur de l’unité Inserm Pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire* à Paris. « Même pour un toxicologue, il est souvent difficile d’évaluer la nocivité d’un produit ménager, l’étiquette de ces articles n’indiquant pas toujours la liste exhaustive de leurs ingrédients. »
En effet, plusieurs études montrent que les corvées domestiques peuvent être mauvaises pour la santé. Ainsi des travaux publiés en 2018 portant sur 6 235 utilisateurs suivis pendant plus de 20 ans, ont révélé que faire régulièrement le ménage serait aussi nocif pour les poumons que de fumer une vingtaine de cigarettes par jour pendant 10 à 20 ans. Le résultat : une diminution de la capacité respiratoire, plus rapide d’année en année.
Une réalisation trop complexe ?
Parmi les substances nocives contenues dans de nombreux produits de nettoyage, on trouve entre autres le formaldéhyde – un composé classé cancérogène certain. Mais il est loin d’être le seul et le manque de données sur les composés perfluorés par exemple constitue un frein à la mise en place d’un Toxi-Score. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), « sur les 100 000 substances chimiques autorisées en Europe, seules 3 000, soit 3%, sont suffisamment évaluées ». Sans compter l’absence d’évaluation des risques liés à l’effet cocktail, c’est-à-dire les effets toxiques liés au mélange de plusieurs substances en petite quantité, qui, prises indépendamment, ne sont pas nécessairement nocives.
D’autres obstacles risquent en outre d’entraver la réalisation de ce projet. Comment faire par exemple pour indiquer le risque en fonction des catégories de populations ? Par exemple, « faut-il créer un outil spécial pour les personnes les plus vulnérables, comme les femmes enceintes et les enfants ?… »
Restera enfin à convaincre les fabricants de l’adopter. Une gageure ? A suivre puisque selon la ministre de l’Ecologie Barbara Pompili, le Toxi-Score pourrait faire son entrée dans les rayons ménagers dès 2022.
A noter : le marché des produits ménagers a bondi de 24% en 2020, d’après Nielsen, institut d’études marketing, en raison de la pandémie de Covid-19.
*Unité 1124 Inserm/Université de Paris, Toxicologie, pharmacologie, et signalisation cellulaire** unité 1018 Inserm/Université Paris-Saclay, Centre de recherche en santé des populations, équipe Épidémiologie respiratoire intégrative