Consommation d’alcool : ces 4 risques auxquels les femmes sont plus exposées

27 février 2025

Alors même que les risques pour la santé liés à la consommation d’alcool sont amplifiés chez les femmes par rapport aux hommes, celles-ci sont moins bien prises en charge par les professionnels de santé. Quels sont ces risques accrus auxquels la Haute autorité de santé entend sensibiliser les soignants ?

La Haute autorité de santé a publié mercredi 26 février de nouvelles recommandations à l’adresse des professionnels de santé de premier recours concernant les femmes et l’alcool. « L’évolution des usages et les risques associés à cette consommation d’alcool appellent à renforcer l’information et l’accompagnement des femmes et ce, tout au long de leur vie. Il est ainsi nécessaire d’aborder ce sujet régulièrement en consultation, d’en faire un sujet de santé comme les autres (tabagisme, activité physique…), en veillant à éviter tout jugement moral et en étant attentif aux choix de vie, à l’intimité et à l’environnement de chaque femme », note la HAS.

Selon l’autorité sanitaire, les femmes restent moins entendues que les hommes, également moins dépistées et prises en charge par les professionnels de santé. En revanche, elles sont davantage jugées négativement. Pourtant, outre les agressions, notamment sexuelles, qui sont plus fréquentes chez les femmes, les risques pour la santé liés à la consommation d’alcool sont aussi amplifiés chez elles par rapport aux hommes. Quels sont-ils ?

1 – Le risque hépatique 

Plusieurs études l’indiquent, femmes et hommes ne sont pas égaux face aux risques hépatiques liés à l’alcool. Ainsi, selon une méta-analyse publiée en 2019, la consommation d’un verre par jour par rapport aux abstinents de longue date montrait un risque accru de cirrhose du foie chez les femmes, mais pas chez les hommes. De plus, le risque pour les femmes était systématiquement plus élevé que pour les hommes.

Très concrètement, selon le centre hépato-biliaire de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif), le risque de cirrhose devient important aux alentours de 30 grammes d’alcool par jour (3 verres) chez la femme, contre 50 grammes d’alcool (5 verres) chez l’homme, pendant une durée d’au moins 10 ans.

2 – Le risque cérébral

Selon le National institute on alcohol abuse and alcoholism américain (NIAAA), l’alcool provoque des lésions cérébrales plus rapidement chez les femmes que chez les hommes. Elles sont aussi davantage sujettes aux trous noirs que les hommes.

En outre, on sait que l’alcool impacte le développement des cerveaux adolescents. Là aussi, les risques sont accrus chez les adolescentes. Une étude a observé une activité cérébrale inférieure et de moins bons résultats à un test de mémoire chez les adolescentes qui déclaraient avoir bu avec excès par rapport à celles qui buvaient peu ou s’abstenaient. Ces résultats n’ont pas été retrouvés chez les jeunes hommes. De même, les adolescentes qui buvaient beaucoup ont montré une plus grande réduction de la taille des zones cérébrales impliquées dans la mémoire et la prise de décision que les adolescents qui buvaient beaucoup.

3 – Le risque cardiovasculaire

Chez les femmes, la consommation régulière d’alcool accroit le risque cardiovasculaire. Elle élève la pression artérielle, augmentant le risque d’hypertension. Elles sont également plus exposées aux risques d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de fibrillation atriale (trouble du rythme qui devient trop rapide et irrégulier). Ce type d’arythmie survient à partir de 10g d’alcool par jour chez les femmes et 30g d’alcool par jour chez les hommes.

4 – L’augmentation du risque de cancer du sein

Selon l’Institut national du Cancer, « 15 % des cancers du sein sont liés à la consommation d’alcool régulière, même modérée ». Selon les scientifiques, un composé produit lors de la métabolisation de l’alcool par l’organisme – l’acétaldéhyde- pourrait endommager l’ADN des cellules mammaires. La boisson pourrait aussi être responsable d’une hausse de la production d’œstrogènes, facteur de risque de cancer du sein.

A noter : Alors que la question de la consommation d’alcool est trop souvent abordée avec les femmes par les professionnels de santé dans le cadre de la périnatalité uniquement (grossesse, allaitement), la HAS souligne que cette question n’est pourtant pas spécifique aux femmes. Ainsi, « les troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF) peuvent aussi résulter des usages des hommes (via la toxicité de l’alcool transmise par les spermatozoïdes) et non pas uniquement des femmes durant leur grossesse ».

  • Source : NIAAA, HAS, 

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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