Contraception hormonale : attention aux anti-inflammatoires

08 septembre 2023

Selon une étude danoise, le recours aux anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) serait associé à un risque accru de survenue d’un caillot sanguin chez les femmes sous contraception hormonale. Explications.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) – dont font partie l’ibuprofène et le kétoprofène notamment – figurent par les médicaments les plus utilisés en auto-automédication. Ils sont utilisés comme antalgiques, pour calmer la douleur, ou antipyrétiques, pour faire baisser la fièvre. Selon une étude danoise, publiée le 6 septembre dans le British medical journal, les femmes sous contraception hormonale qui prennent des AINS présentent « un risque légèrement accru de caillots sanguins ».

Les chercheurs ont épluché les dossiers médicaux nationaux à la recherche de femmes suivies pour tromboembolie veineuse (TEV), soit un caillot sanguin pouvant migrer et provoquer une embolie pulmonaire. Au total, ils ont identifié quelque 2 millions de femmes, âgées de 15 à 49 ans, suivies entre 1996 et 2017, sans antécédent.

Le diclofénac plus à risque

« Des AINS ont été utilisés par 529 704 femmes alors qu’elles utilisaient une contraception hormonale. L’ibuprofène était l’AINS le plus fréquemment utilisé (60 %), suivi du diclofénac (20 %) et du naproxène (6 %) », lit-on dans un communiqué de presse. « Sur une période de surveillance moyenne de 10 ans, 8 710 événements thromboemboliques veineux sont survenus (2 715 embolies pulmonaires et 5 995 thromboses veineuses profondes) et 228 (2,6 %) femmes sont décédées dans les 30 jours suivant leur diagnostic ». Parmi les AINS utilisés, le diclofénac était davantage associé à une thromboembolie veineuse que l’ibuprofène et le naproxène.

Les contraceptifs classés en trois catégories de risque

Sur la base d’études antérieures sur le lien entre survenue d’un caillot sanguin et contraception, les chercheurs ont classé les contraceptifs en trois catégories : la contraception hormonale à haut risque (patchs oestroprogestatifs, anneaux vaginaux, pilules combinées – œstrogène et progestatif – dosées à 50 mcg d’œstrogènes et pilules progestatives de 3e et 4e génération), la contraception à risque moyen (toutes les autres pilules combinées et le médroxyprogestérone en injection), la contraception à risque faible et nul (les pilules progestatives, les implants et les stérilets hormonaux). Les scientifiques ont également pris en compte les facteurs de risque tels que l’âge, le niveau d’éducation, les antécédents de grossesse, les interventions chirurgicales antérieures, l’hypertension artérielle et le diabète.

« En termes absolus, l’utilisation d’AINS était associée à quatre événements thromboemboliques extra-veineux par semaine pour 100 000 femmes n’utilisant pas de contraception hormonale, à 11 événements supplémentaires chez les femmes utilisant une contraception hormonale à risque moyen et à 23 événements supplémentaires chez les femmes utilisant une contraception hormonale à haut risque », précise le communiqué.

Prescrire des alternatifs aux AINS

Le risque d’être victime d’une TEV est faible même chez les femmes sous contraceptif à haut risque, notent les chercheurs. Toutefois, « les femmes ayant besoin à la fois d’une contraception hormonale et d’une utilisation régulière d’AINS devraient être informées en conséquence », estiment-ils. De même qu’il leur paraît nécessaire de trouver des alternatives aux AINS. « Si un traitement par AINS est nécessaire, des agents autres que le diclofénac semblent préférables, ainsi que des contraceptifs hormonaux à faible risque tels que des comprimés progestatifs, des implants ou des dispositifs intra-utérins », concluent-ils.

  • Source : Venous thromboembolism with use of hormonal contraception and non-steroidal anti-inflammatory drugs: nationwide cohort study, the British medical journal, 6 septembre 2023 - ANSM - Santé publique France

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche

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