Covid long : la piste de la dérégulation de la réponse immunitaire
09 novembre 2022
Pourquoi certaines personnes atteintes du Covid-19 ne présentent quasiment aucun symptôme, tandis que chez d’autres, ceux-ci persistent plusieurs mois après l’infection ? En d’autres termes : quelle est la cause du Covid long ? Peut-être une dérégulation de la réponse immunitaire, suggèrent des chercheurs français.
Fatigue, essoufflement sans effort, toux persistante, douleurs thoraciques, céphalées, vertiges, problèmes cutanés, oculaires ou digestifs… La liste des symptômes persistant plusieurs semaines après infection au SARS-CoV-2 est longue et n’est pas l’apanage de ce virus. En effet, davantage qu’une maladie, certains spécialistes y voient un syndrome post-infectieux classique présentant de fortes similitudes avec des symptômes post-poliomyélite, chikungunya, dengue ou maladie de Lyme.
Mais qu’en est-il de ses causes ? Plusieurs hypothèses ont déjà été étudiées : composition spécifique du microbiote, réservoir du virus dans l’intestin, et dernièrement, dérégulation d’une partie de la défense immunitaire innée. C’est l’objet de la recherche de scientifiques de l’Inserm et du CHU de Montpellier, dont les résultats ont été publiés dans le Journal of medical virology.
NETs et auto-anticorps
Les chercheurs se sont notamment appuyés sur les résultats d’un travail précédent, montrant que chez les patients atteints de formes graves de Covid-19, « la formation de NETs est (…) amplifiée ». De quoi s’agit-il ? De « neutrophil extracellular traps » que l’on traduit par « pièges extracellulaires de neutrophiles ». Ce mécanisme de défense est capable de piéger et de détruire les agents pathogènes extracellulaires comme les virus, mais aussi, dans certains cas, de « déclencher une inflammation excessive, délétère pour l’organisme ».
Ces NETs sont-ils encore présents dans l’organisme plusieurs mois après l’infection au SARS-CoV-2 ? Oui, répondent les chercheurs, qui ont analysé les bilans post-infection aiguë de plus d’une centaine de patients Covid, réalisés au moins six mois après leur sortie du service de soins critiques. Les scientifiques ont également relevé la persistance d’auto-anticorps produits par le système immunitaire, et associés à la « formation anormale de caillots dans les veines (phlébites) et dans les artères (thromboses artérielles) ».
Ainsi, concluent les chercheurs, « la production amplifiée et incontrôlée des NETs six mois après l’infection ainsi que la présence persistante des auto-anticorps pourraient expliquer en partie les symptômes du Covid long, via notamment la formation de micro-thromboses ». Cette piste de la dérégulation de la réponse immunitaire doit cependant être confirmée par d’autres recherches. Des travaux sont d’ores et déjà en cours.