En 2013, plus de 82 000 Européennes mourront d’un cancer du poumon
14 février 2013
Depuis environ 15 ans, le tabagisme féminin connait une forte progression en Europe. ©Phovoir
Le cancer du poumon tuera-t-il bientôt plus de femmes que le cancer du sein ? C’est ce que pensent les auteurs, suisses et italiens, d’une étude épidémiologique publiée cette semaine dans la revue Annals of Oncology. Bien que le taux de mortalité dû aux cancers ait baissé en Europe, le nombre de décès attribués au cancer du poumon chez les femmes ne cesse de croître. Royaume Uni et Pologne tiennent la tête de cette tendance à la hausse.
« Plus de 1,3 million de personnes vont mourir d’un cancer en 2013 dans les 27 pays de l’Union européenne », prévoient les auteurs. Parmi les victimes, « 737 747 seront des hommes et 576 489 des femmes. » Si les chiffres sont en augmentation par rapport à 2007 (la population continue en effet de croître), la mortalité par tranche de 100 000 habitants, elle, décline. Toutefois, le cancer du poumon fait exception dans la population féminine. « En 2013, il sera la cause de 82 640 morts (14 pour 100 000 femmes). » Ce qui représente une augmentation de 7% par rapport à 2009. A l’inverse, et dans la même période, l’incidence des décès par cancer du sein a baissé de… 7%, s’élevant ainsi à 14,6 pour 100 000 femmes. Ce cancer demeure toutefois la première cause de décès par tumeurs en Europe, chez les femmes.
Dans à peine deux ans cependant, « si ces tendances se confirment, le cancer du poumon représentera la première cause de décès par cancer chez les femmes en Europe », indique le Pr Carlo La Vecchia, de la faculté de médecine de Milan (Italie). Cette réalité est déjà d’actualité au Royaume Uni, où 21,2 femmes pour 100 000 décèdent d’un cancer du poumon chaque année. En Pologne, ce taux s’élève à 17,5 pour 100 000 femmes.
Vers un taux de mortalité stationnaire
« Les avancées thérapeutiques et le dépistage de plus en plus précoce expliquent la baisse de la mortalité par cancer du sein », poursuit le Pr La Vecchia. Pour ce qui est de la hausse du nombre de décès dus au cancer du poumon chez les femmes, l’explication est comportementale. « Au Royaume Uni, les jeunes femmes ont commencé à fumer à la fin des années 1960 et dans les années 1970. » Résultat : elles développent un cancer aujourd’hui. En France, la même tendance est observée depuis plusieurs années.
Malgré ces perspectives peu engageantes, les auteurs relèvent tout de même un facteur d’espoir relatif. « Comme de moins en moins de jeunes femmes commencent à fumer au Royaume Uni et ailleurs en Europe, le taux de mortalité par cancer du poumon pourrait s’équilibrer vers 2020 autour de 15 pour 100 000 femmes. »
Cancers colorectal et du pancréas
Les auteurs ont également observé l’évolution de la mortalité due aux autres cancers. Globalement, « le taux de mortalité par cancer colorectal devrait décliner dans toute l’UE ». Son incidence passerait de 17,6 pour 100 000 hommes dans la période de 2005-2009, à 16,7 en 2013. Pour les femmes, ce taux reculerait de 10,5 pour 100 000 à 9,5.
Selon les prévisions, le cancer du pancréas reste le seul pour lequel le taux de mortalité ne devrait pas marquer le pas. La France d’ailleurs, est le mauvais élève de l’Europe en la matière, au moins pour la population masculine. Notre pays devrait subir 8,7 décès pour 100 000 hommes contre une moyenne de 8 dans l’UE. Pire, ce taux de mortalité pourrait continuer de croître en 2013. « Le seul moyen de faire baisser le nombre de cas de cancers du pancréas est de réduire la consommation de tabac et de combattre le surpoids », conclut Carlo La Vecchia.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Marc Gombeaud