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À la veille de la journée mondiale de l’environnement (le 5 juin), les Unions régionales des médecins libéraux (URML) alertent sur l’exposition au cadmium, ce métal lourd cancérigène, omniprésent dans l’environnement.
Classé cancérogène “certain” pour l’homme (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une exposition chronique au cadmium accroît le risque de cancers du poumon et de la prostate. Il est également associé aux cancers du pancréas, du foie et du rein. Particulièrement toxique pour ce dernier, il peut être responsable d’une insuffisance rénale chronique. Le cadmium peut aussi provoquer une fragilité osseuse entraînant ostéoporose et fractures spontanées. Il altère également le système reproducteur.
Si ce métal toxique est trouvé naturellement dans les sols, les activités humaines comme l’agriculture (engrais) et la métallurgie peuvent augmenter sa concentration.
L’alimentation est la principale source d’exposition au cadmium. Il pénètre ainsi dans les végétaux par les racines et intègre la chaîne alimentaire. L’Homme y est tout particulièrement exposé via sa consommation, en grande quantité, de pain, pommes de terre et légumes, soulignaient l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) en 2023. Toutefois, les aliments qui concentrent le plus de cadmium sont les crustacés, les algues, mollusques, abats, biscuits sucrés et salés, barres de céréales et chocolat.
Les fumeurs y sont en outre exposés par l’inhalation de la fumée de tabac, de même que les professionnels de la métallurgie via l’air qu’ils respirent.
Avec une durée de vie de 10 à 20 ans, le cadmium s’accumule dans l’organisme, notamment dans le foie et les reins. Ainsi, selon deux grandes études sur l’alimentation et l’environnement menées dans la population française, la concentration moyenne de cadmium a quasiment doublé chez les adultes. « L’imprégnation moyenne au cadmium mesurée a quasiment doublé entre l’étude ESTEBAN (2014-2016) et ENNS (2006-2007) (0,57 contre 0,29 μg/g de créatinine). Elle est trois fois supérieure à celle des adultes américains et plus de deux fois à celle des adultes italiens », précise la Conférence Nationale des URPS Médecins Libéraux dans un communiqué du 2 juin.
La principale inquiétude porte sur les enfants, exposés dès leur plus jeune âge à des concentrations très élevées. « Chez les enfants, la dose moyenne de l’étude ESTEBAN dépasse la valeur moyenne des adultes de ENNS et la comparaison avec les pays similaires est très défavorable : 4 fois supérieure à celle des enfants américains ou allemands, par exemple ». En décembre 2023, l’Anses estimait que jusqu’à 36 % des consommateurs âgés de moins de 3 ans dépassaient la dose journalière tolérable de cadmium via leur alimentation.
« Dans un contexte d’urgence sanitaire parfaitement documentée scientifiquement, il est de notre devoir d’interpeller la puissance publique pour actionner les leviers nécessaires afin de protéger les citoyens, sans plus attendre. La qualité de l’alimentation est également révélatrice des inégalités sociales. Il nous faut donc agir parallèlement sur la démocratisation de l’information pour permettre des mesures d’atténuation au sein des foyers. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! L’heure est au courage des solutions », lâche le Dr Meyvaert, Coordinateur du Groupe de Travail Santé Environnementale de la Conférence Nationale des URPS Médecins Libéraux.
Les URPS plaident pour une meilleure information et sensibilisation de la population, via une campagne nationale et la mise à disposition de documentation dans les cabinets médicaux. Ils demandent un alignement des politiques sanitaires avec les recommandations de l’ANSES. Celle-ci a déjà proposé de nouvelles valeurs seuils afin d’éviter la survenue d’effets sanitaires et de mieux protéger les consommateurs. En outre, varier le plus possible son alimentation et acheter bio, quand c’est possible, permet de réduire l’exposition alimentaire au cadmium.
Source : CN URPS-ML, Anses, Centre anti-cancer Leon-Berard
Ecrit par : Dorothée Duchemin - Edité par Vincent Roche