Grossesse : encore trop de prescriptions à risques
19 avril 2022
En ce mois d’avril, la Revue Prescrire dresse un constat alarmant : malgré les risques connus et avérés de certaines molécules pour les femmes enceintes et leur enfant à naître, celles-ci restent encore trop souvent prescrites. A l’inverse, des médicaments utiles et sans danger sont eux insuffisamment recommandés.
Ce sont deux études de grande ampleur menées ces dernières années en France qui ont alarmé les rédacteurs de la revue indépendante Prescrire. La première est basée sur les données de remboursement des médicaments prescrits à 17 000 femmes enceintes, en 2015 et 2016. La seconde, menée entre 2010 et 2018, s’est tout particulièrement intéressée à deux médicaments couramment utilisés pour atténuer les nausées du début de grossesse.
Selon l’étude sur les remboursements de médicaments, la majorité des femmes (trois sur cinq) avaient été́ exposées à un médicament dans les trois mois précédant la grossesse, « et la moitié d’entre elles avaient été exposées à au moins huit médicaments au cours de leur grossesse ». Parmi eux, des spécialités dont les effets délétères et durables pour l’enfant à naître sont connues : « rétinoïdes par voie orale ou cutanée, antiépileptiques, notamment l’acide valproïque (Dépakine ou autre), antivitamine K, anti-inflammatoires non stéroïdiens ou médicaments hypotenseurs tels que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les sartans ».
Anticiper les risques
D’autre part, des médicaments antiémétiques restent eux aussi couramment prescrits pour lutter contre les nausées des premiers mois de grossesse : si la dompéridone est désormais formellement déconseillée, sa remplaçante – la métopimazine (Vogalène) – fait courir les mêmes risques d’événements cardiaques et d’AVC. Même réserve concernant les sétrons, un antiémétique puissant utilisé notamment dans « la prévention et le traitement des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie et la radiothérapie », précise le dictionnaire Vidal. Mais qui expose l’embryon à des risques de malformations en début de grossesse.
« À l’inverse, seule une femme sur huit avait reçu une prescription d’acide folique dans les trois mois précédant la conception, alors que le bénéfice de ce médicament est démontré en prévention des anomalies du tube neural », remarquent les rédacteurs de Prescrire. En conclusion, ils recommandent aux soignants, « comme pour les femmes et leurs conjoints, d’anticiper les risques, et d’intégrer systématiquement la possibilité d’une grossesse à venir, prévue ou imprévue, dans les critères de choix des médicaments ».
A noter : la liste des médicaments tératogènes (qui peuvent entraîner des malformations chez l’enfant à naître) est disponible et régulièrement actualisée sur le site du Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat). En cas de doute, parlez-en à votre médecin.
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Source : Revue Prescrire N° 462, dictionnaire Vidal, Centre de référence sur les agents tératogènes - avril 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet