HPV : le vaccin protège aussi contre les cancers de la bouche et de la gorge
18 juillet 2013
Les jeunes sont particulièrement concernés par les cancers oropharyngés causés par des virus HPV. ©Phovoir
Certains papillomavirus humain (HPV) sont surtout connus pour causer des cancers du col de l’utérus. C’est pourquoi seules les jeunes femmes sont aujourd’hui vaccinées contre les HPV de types 16 et 18. Or ils sont également à l’origine de tumeurs oropharyngées, c’est-à-dire situées dans la bouche et la gorge. Selon une étude du Centre internationale de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Lyon, ce vaccin pourrait aussi prévenir ces autres cancers.
L’étude du CIRC a été menée au Costa Rica, en collaboration avec des chercheurs de ce pays ainsi que la United States National Cancer Institute (NCI). En 2004 et 2005, un total de 7 466 femmes en bonne santé âgées de 18 à 25 ans ont été vaccinées contre les HPV 16 et 18. Parmi elles, 5 840 ont fourni des prélèvements buccaux, qui ont servi à évaluer l’efficacité du vaccin contre les infections orales à HPV. Le résultat s’est avéré excellent. L’étude a montré que l’immunisation avait permis une réduction de 93% de la prévalence de ces infections à haut risque de cancer jusqu’à 4 ans après l’injection !
« Le vaccin semble fournir une protection importante contre les infections HPV à l’origine de cancers oropharyngés », indique le Dr Rolando Herrero du CIRC, principal auteur de l’étude. « Ces résultats montrent que nous pourrions être en présence d’un important outil de prévention primaire de ces infections dernièrement en augmentation. »
Une infection, plusieurs localisations
Plus connus pour causer le cancer du col de l’utérus, les virus HPV sont par ailleurs à l’origine de près de 85 000 cas de cancers oropharyngés chaque année dans le monde. Les hommes y étant 4 fois plus sujets que les femmes. Et ces 20 dernières années, l’incidence de ces tumeurs a considérablement augmenté. Ce constat est particulièrement sensible aux Etats-Unis et en Europe, chez les hommes et les personnes jeunes, en raison d’une hausse des pratiques de sexe oral. C’est pourquoi les auteurs prévoient qu’il pourrait y avoir, à l’horizon des 10 prochaines années, davantage de cas de cancers de la gorge et de la bouche que de cancers du col de l’utérus liés aux HPV.
« Notre étude a permis de montrer l’intérêt du vaccin contre les cancers oropharyngés chez les femmes. Si des résultats similaires étaient observés chez les hommes, la vaccination des garçons pourrait devenir une importante mesure de santé publique », conclut le Dr Herrero.
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet