Insolite : il se déchire la trachée en retenant un éternuement
15 décembre 2023
Agé d’une trentaine d’années, un homme s’est présenté aux urgences de Dundee (Ecosse) avec le cou enflé et des crépitements lors de la palpation. Il souffrait d’une déchirure trachéale au niveau de la troisième et quatrième vertèbre thoracique alors qu’il avait éternué nez bouché, bouche fermée.
Un « atchoum » tonitruant vaut toujours mieux qu’une trachée déchirée. Car retenir un éternuement – bouche fermé, nez pincé – est bel et bien une prise de risque, plus inconsidérée qu’on ne l’imagine. C’est ce que viennent d’observer des médecins de l’hôpital de Dundee, en Ecosse. Ils ont décrit le 1er décembre dans la revue médicale BMJ Case Reports, le cas d’un homme victime d’une perforation de la trachée à la suite d’un éternuement ; « ce qui, à notre connaissance, n’a jamais été signalé auparavant ».
Enflement et crépitements
Le patient est un homme d’une trentaine d’années. Après un éternuement retenu en se pinçant le nez et en gardant la bouche fermée, il a ressenti une vive douleur au niveau du cou. Les faits se sont produits alors qu’il conduisait, ceinture de sécurité attachée. Il s’est rendu de lui-même aux urgences de l’hôpital de Dundee. L’examen clinique a montré que son cou était enflé, avec de légers crépitements à la palpation. La mobilité de son cou était également réduite.
L’endoscopie n’a rien révélé d’anormal au niveau du pharynx et du larynx. « La radiographie des tissus mous du cou a montré un emphysème (gonflement dû à une infiltration) au niveau du cou. Le scanner du thorax et du cou a révélé une déchirure de la trachée de 2 mm sur 2 mm sur 5 mm au niveau de la troisième et la quatrième vertèbre thoracique », détaillent les auteurs de l’article.
Une augmentation rapide de la pression dans la trachée
Il lui a été prescrit du paracétamol et de la codéine, contre la douleur, ainsi que des médicaments contre la rhinite allergique et la congestion nasale. Si les chirurgiens thoraciques ont estimé qu’aucune intervention chirurgicale n’était nécessaire, le patient est toutefois resté en observation 48 heures. « L’homme est rentré chez lui avec des antalgiques et un traitement contre la rhinite allergique. Il lui a été recommandé de ne pas pratiquer de sport durant deux semaines et de ne pas éternuer en se pinçant le nez, avec la bouche fermée », précise l’article. Cinq semaines plus tard, un scanner de contrôle a montré une résorption de l’emphysème et une trachée normale.
« Nous suspectons une perforation de la trachée due à une augmentation rapide de la pression dans la trachée à cause d’un éternuement nez pincé et bouche fermée », notent les auteurs. En effet, lors d’un éternuement, la pression dans les voies respiratoires supérieurs s’élève entre 1 et 2 KPa (kilopascal). Mais la pression peut être multipliée par 20 si le nez et la bouches sont bouchés. Les médecins recommandent donc de ne jamais retenir un éternuement.
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Source : Misirovs R, Hoey G, Carruthers C, et al, Spontaneous tracheal perforation following a sneeze, BMJ Case Reports CP 2023;16:e255633.
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Ecrit par : Dorothée Duchemin- Edité par : Emmanuel Ducreuzet