Journée mondiale de l’obésité : 6 questions sur la chirurgie bariatrique
04 mars 2024
A l’occasion de la Journée mondiale de l’obésité ce 4 mars, la Haute autorité de santé a publié ses dernières recommandations concernant la prise en charge et le parcours de soins pour les personnes en situation de surpoids et d’obésité. Zoom sur la chirurgie bariatrique, une option thérapeutique envisageable, pour les adultes, dans des conditions strictes.
L’obésité est une maladie chronique qui peut entraîner des difficultés au quotidien mais aussi avoir des effets délétères sur la santé. Elle peut en effet provoquer d’autres pathologies comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le syndrome d’apnées du sommeil. 17 % des adultes sont en situation d’obésité en France, 49 % en surpoids. Si la prévalence du surpoids reste stable, autour de 30 %, la prévalence de l’obésité augmente, elle, à un rythme rapide ces dernières années. Elle est ainsi passée de 8,5 % en 1997 à 15 % en 2012 et 17 % en 2020. Plusieurs options thérapeutiques existent pour traiter l’obésité, parmi lesquelles, la chirurgie bariatrique.
Qu’est-ce que la chirurgie bariatrique ?
La Haute autorité de santé a récemment publié, à l’approche de la Journée mondiale de l’obésité ce 4 mars, un guide du parcours de soins pour les adultes en situation de surpoids et d’obésité. L’un des chapitres est consacré à la chirurgie bariatrique. Également appelée chirurgie de l’obésité, elle « modifie l’anatomie du système digestif. C’est une aide mécanique et métabolique qui permet de diminuer la quantité d’aliments consommée (Principe de restriction) et/ou l’assimilation des aliments par l’organisme (principe de malabsorption) ».
Qui peut bénéficier de la chirurgie bariatrique ?
Une chirurgie bariatrique n’est pas toujours possible. Trois critères doivent être remplis pour qu’elle soit envisageable :
- Souffrir d’une obésité massive (IMC ≥ 40 kg/m²) ou sévère (IMC ≥ 35 kg/m²) quand celle-ci est associée à au moins une complication pouvant être améliorée grâce à la chirurgie (diabète, hypertension artérielle, syndrome d’apnées du sommeil, troubles articulaires…) ;
- Avoir déjà tenté, sans succès, de perdre du poids grâce à une prise en charge médicale spécialisée de plusieurs mois avec un suivi diététique, une activité physique et une prise en charge psychologique ;
- Ne pas présenter de contre-indications à la chirurgie (ex. : dépendance à l’alcool) et à l’anesthésie générale.
Ainsi, dans son rapport, la HAS insiste sur le fait que « la chirurgie bariatrique est une option thérapeutique envisagée lorsqu’un projet de soins et d’accompagnement personnalisé a été mis en œuvre pendant 6 à 12 mois par les professionnels avec l’adhésion et la participation de la personne soignée, sans bénéfices suffisants pour sa santé globale ». Elle ne pourra donc d’emblée être proposée au patient.
A qui s’adresser pour une chirurgie bariatrique ?
Il convient d’en parler en amont à son médecin traitant ou un médecin spécialiste de l’obésité. Le patient sera alors orienté vers une équipe pluridisciplinaire qui pourra lui dire si une l’opération est possible. Si c’est le cas, une phase de préparation débute et c’est à l’issue de cette phase que l’équipe pluridisciplinaire rendra son avis final.
Quelle durée de préparation avant l’intervention ?
« Sa durée est au minimum de 6 mois à partir de la planification de la préparation personnalisée à la chirurgie bariatrique et à condition que les objectifs de la préparation soient atteints », poursuit la HAS. Une préparation plus longue est toutefois souvent nécessaire pour bien comprendre les enjeux de l’opération, acquérir les compétences nécessaires après la chirurgie bariatrique (autosoins), traiter d’autres affections, lever des contre-indications…
Quelles sont les techniques de chirurgie bariatrique ?
Les techniques restrictives consistent à réduire la taille de l’estomac du patient avec notamment l’anneau gastrique ou la gastrectomie (pratique qui consiste à retirer une partie de l’estomac).
Une autre technique, mixte (restrictive et malabsorptive), est le bypass gastrique. Selon le centre spécialisé de l’obésité à Marseille, elle « permet de diminuer à la fois la quantité d’aliments ingérés (la taille de l’estomac est réduite à une petite poche) et l’assimilation de ces aliments par l’organisme, grâce à un court-circuit d’une partie de l’estomac et de l’intestin. Les aliments arrivent directement dans la partie moyenne de l’intestin grêle et sont donc assimilés en moindre quantité ».
Et après la chirurgie ?
Dans son parcours, le patient devra bien être informé que la chirurgie seule ne suffit pas. « La chirurgie bariatrique n’est qu’une étape dans la prise en charge du patient », explique le Dr. Séverine Ledoux, spécialiste du surpoids et de l’obésité, dans une vidéo mise en ligne par l’APHP. Elle rappelle que l’obésité est multifactorielle et que ces facteurs varient d’un patient à l’autre. « La chirurgie ne va agir que sur un seul des déterminants de l’obésité, qui est le volume alimentaire. Le patient devra travailler sur les déterminants, c’est-à-dire les troubles du comportent alimentaire, l’activité physique, le stress, le sommeil, etc. », poursuit la spécialiste.
Outre ces nouvelles habitudes à mettre en place, des difficultés psychologiques peuvent survenir en lien avec la modification de l’image du corps et des relations aux autres. Une aide psychologique est proposée aux patients pour surmonter ces problèmes.
-
Source : AP-HP, AP-HM, Haute autorité de Santé
-
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet