La malbouffe nuirait (aussi) à la santé mentale
06 juin 2023
Des chercheurs de l’Inserm ont mis en évidence une « association significative » entre la consommation importante d’aliments ultra-transformés et la dépression récidivante. Explications.
On savait déjà qu’une alimentation pauvre en produits bruts et riche en aliments ultra-transformés nuisait à la santé physiologique : de nombreux travaux ont déjà montré que la malbouffe augmentait le risque de troubles cardiovasculaires et de cancers, de diabète de type 2 et même de démence. Une étude française vient ajouter une nouvelle raison de préférer le fait-maison : elle nuirait également à la santé mentale.
Point de départ de l’étude, pilotée par Tasnime Akbaraly, chercheuse Inserm au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à Paris : un précédent travail qui avait conclu qu’un régime alimentaire de type occidental, riche en aliments gras et pauvre en fruits et légumes, était associé à un surrisque de dépression. La chercheuse a cette fois voulu aller plus loin pour tenter de déterminer si la consommation de barres chocolatées, plats préparés ou nuggets de poulet avait elle aussi un effet sur la santé mentale.
Pourquoi ? Parce qu’« il a été montré que ces produits favorisent le stress oxydatif et l’inflammation, et qu’ils modifient le microbiote intestinal ou encore l’expression du génome. Il n’est donc pas exclu qu’ils aient un impact sur la santé mentale, connue pour être sensible à ces différents facteurs », explique Tasnime Akbaraly.
30 % de risque supplémentaire
Pour valider cette hypothèse, la chercheuse et son équipe ont utilisé les données d’une vaste étude d’une cohorte britannique, menée depuis 1985 et qui s’intéresse à la santé de plusieurs milliers de fonctionnaires britanniques âgés de 35 à 55 ans, majoritairement des hommes. Les scientifiques ont croisé leurs réponses aux questions concernant leurs habitudes alimentaires entre 1991 et 2004, et leurs éventuels symptômes dépressifs, évalués à plusieurs reprises entre 2002 et 2016.
Conclusion : il existerait bien une « association significative » entre une consommation élevée d’aliments ultra-transformés et le risque de récidive de symptômes dépressifs. Dans le détail, les participants dont l’alimentation était composée d’au moins un tiers d’aliments transformés avaient 30 % de risque supplémentaire de présenter des épisodes de symptômes dépressifs récurrents, par rapport à ceux dont la part d’aliments ultra-transformés dans les apports quotidiens était inférieure à un cinquième.
Pour Tasnime Akbaraly, les résultats de cette étude doivent inciter à explorer davantage l’effet des différents procédés de transformation alimentaire, des additifs, des émulsifiants et des conservateurs, sur la santé mentale. En attendant de nouveaux travaux, on peut toujours se référer aux conclusions de sa précédente étude, qui montrait que l’adoption du régime méditerranéen (riche en fruits et légumes, poisson et céréales) était associée à une diminution de 33 % du risque de dépression.