Le cerveau face au syndrome de stress post traumatique
14 février 2020
Lightspring/shutterstock.com
Les attentats de 2015 ont laissé des traces dans les mémoires, individuelles et collectives. Comment expliquer la réaction du cerveau lorsqu’il est confronté au syndrome de stress post traumatique ?
Dans le monde, le syndrome de stress post traumatique affecte 6 à 8% de la population générale. En zoomant dans le cerveau, qu’observe-t-on chez les victimes ? Pourquoi certaines personnes exposées à un événement choquant développent-elles un syndrome de stress post traumatique, alors que d’autres en restent indemnes ?
Pour répondre à ces questions, l’équipe du Pr Pierre Gagnepain (Inserm, programme Remember) a étudié les modifications cérébrales auprès de 175 volontaires : 102 survivants des attentats de Paris, dont 55 ont développé un syndrome de stress post traumatique. Un groupe contrôle de 73 volontaires non exposés à ces attentats a été formé. La principale piste de réflexion reposait sur le lien entre mémoire et résilience, c’est-à-dire les ressources de l’individu pour se relever.
La méthode Think/No-Think à l’œuvre
Pour observer le mécanisme de résurgence des mauvais souvenirs, pas question bien sûr d’exposer les participants à des images des attentats.
La méthode employée : le Think/No-Think, basée sur des associations de mots et d’objets. « Les participants apprennent des paires de stimuli par cœur (par exemple le mot chaise associé à l’image d’un ballon). Quand le mot chaise est ensuite présenté aux participants, l’image du ballon est automatiquement réactivée. Le mot chaise se comporte comme indice d’une intrusion mentale, déclenchant le souvenir associé du ballon. Celui-ci survient de façon spontanée et automatique, simulant certaines caractéristiques des véritables souvenirs intrusifs du trouble de stress post-traumatique.»
Le cerveau traumatisé, un vinyle rayé
Résultat, « les participants souffrant d’un trouble de stress post-traumatique, présentent une défaillance des mécanismes qui permettent de supprimer et de réguler l’activité des régions de la mémoire lors d’une intrusion (notamment l’activité de l’hippocampe), un peu à la manière d’un vinyle rayé rejouant en boucle les mêmes fragments de nos souvenirs », décrit le Pr Gagnepain.
Des traitements d’avenir ?
Les scientifiques « espèrent qu’un jour ces travaux pourront déboucher sur de nouvelles pistes thérapeutiques, complémentaires à celles existant déjà ». Soient les approches actuelles très souvent basées sur la réactivation des souvenirs, pour les loger dans le passé et apaiser la sensation de peur qu’ils suscitent.
« Tous les traitements impliquent aujourd’hui de se confronter au traumatisme, ce qui n’est pas toujours évident pour les patients. On pourrait imaginer que réaliser une tâche similaire à la méthode Think-No Think permette de stimuler les mécanismes de suppression, facilitant ainsi le traitement du souvenir traumatique dans les thérapies classiques », proposent les scientifiques.
A noter : pour tout savoir sur les symptômes du syndrome de stress post traumatique, cliquez ici.
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Source : Science, Inserm, le 14 février 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Vincent Roche