Le congé paternité profite à la santé mentale des pères
04 janvier 2023
Des chercheurs français se sont intéressés à la relation entre le congé paternité et les risques de développer une dépression post-partum chez les deux parents. A l’époque où le congé paternité n’excédait pas 15 jours, il bénéficiait surtout à la santé mentale des pères.
Le congé paternité a-t-il un impact sur la probabilité de développer une dépression post-partum chez les deux parents ? C’est la question posée par cette étude destinée à lever un peu plus le voile sur un phénomène aussi courant que tabou. On estime en effet que « 17% des mères et plus de 10% des pères sont susceptibles de la développer au cours de l’année suivant la naissance de leur enfant », indique l’Inserm.
Pour tenter d’y voir plus clair, des chercheurs de l’Inserm et de Sorbonne Université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique ont utilisé les données d’une vaste étude de cohorte, qui inclut plus de 13 000 mères et près de 11 000 pères français dont les enfants sont nés en 2011.
A cette époque, le congé paternité n’excédait pas deux semaines pour les jeunes pères : trois jours de congés exceptionnels prévus par le Code du travail auxquels s’ajoutaient onze jours de congé paternité, rémunérés et sans risque de perte d’emploi. Dans un questionnaire rempli deux mois après la naissance de leur bébé, 19% des pères inclus dans l’étude indiquaient ne pas avoir pris et ne pas avoir l’intention de prendre leur congé paternité ; 17% envisageaient de le faire et 64% l’avaient déjà pris.
« Association négative » chez les mères
Ces quelques jours auprès de leur nourrisson et de leur compagne ont-ils exercé une influence sur la santé mentale des deux membres du couple ? Chez les pères, la réponse est oui : 4,5% des pères ayant pris leur congé paternité et 4,8% de ceux qui avaient l’intention de le prendre présentaient une dépression post-partum, « contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé ».
Chez les mères en revanche, « la prise du congé paternité par le conjoint ne semble pas avoir d’effet bénéfique significatif ». Ce serait même, apparemment, l’inverse : si 15,3 % des mères dont le partenaire n’avait pas utilisé le congé paternité présentaient une dépression post-partum, elles étaient 16,1% chez celles dont le partenaire avait bien pris son congé paternité.
Comment expliquer cette association négative ? Pour Katharine Barry, doctorante Inserm à Sorbonne Université et première autrice de ces travaux, « elle pourrait suggérer qu’une durée de deux semaines de congé paternité n’est pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères ».
Une interprétation qui reste à vérifier, en mesurant notamment l’impact de l’allongement de la durée du congé paternité à 25 jours depuis le 1er juillet 2021. Quoi qu’il en soit, « ces travaux (…) appuient l’importance des politiques familiales ciblées sur les pères et questionnent les modalités d’un congé paternité bénéfique à la santé mentale des deux membres du couple ».
A noter : Depuis le 1er juillet 2022, l’entretien postnatal est obligatoire pour les jeunes mères, afin de dépister une éventuelle dépression post-partum. Réalisé par un médecin ou une sage-femme entre la 4e et la 8e semaine qui suit l’accouchement, il est pris en charge par l’Assurance-maladie.