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En utilisant les données de l’étude Global Burden of Disease 2021, des chercheurs ont analysé les tendances de mortalité attribuable aux boissons sucrées (période 1990-2021) pour le diabète, les accidents vasculaires cérébraux et les maladies coronariennes dans 204 pays. Un modèle mathématique a ensuite permis de projeter les trajectoires de mortalité jusqu’en 2051.
Déjà, le nombre de décès mondiaux attribuables aux boissons sucrées est passé de 27 286 en 1990 à 74 657 en 2021 ! La mortalité liée au diabète a augmenté régulièrement avec une variation annuelle moyenne en pourcentage (AAPC) de 0,852 %, c’est-à-dire que la mortalité augmente en moyenne de 0,85 % chaque année. Celle due aux accidents vasculaires cérébraux a diminué globalement (AAPC : -1,554 %). Mais lorsque l’on regarde chez les jeunes adultes de 25 à 29 ans la mortalité due aux AVC a en revanche très fortement augmenté (AAPC : 1,192 %). De même, si la mortalité par maladies coronariennes a globalement diminué (AAPC : -0,793 %), là aussi, elle a augmenté chez les jeunes adultes (AAPC : 0,948 %).
« Les projections à 2051 prévoient une augmentation dramatique de la mortalité liée aux boissons sucrées chez les 25-29 ans, avec une hausse de 400 % pour les accidents vasculaires cérébraux, de 72,73 % pour le diabète et de 61,79 % pour les maladies coronariennes », annoncent les auteurs de l’étude qui va être détaillée au congrès européen du diabète (16-19 septembre 2025, Vienne, Autriche). Sans réelle surprise, les régions à indice socio-économique moyen-faible seront les plus touchées.
Ainsi, malgré la baisse mondiale de la mortalité par AVC et maladies coronariennes, les jeunes adultes connaissent une augmentation rapide de la mortalité liée aux boissons sucrées, révélant un décalage entre les tendances globales et les vulnérabilités chez cette classe d’âge.
Pour les auteurs, il faudrait envisager des politiques ciblées par âge (taxation des boissons sucrées, régulations alimentaires orientées vers les jeunes, investissements dans la prévention) pour freiner cette crise et éviter le désastre annoncé.
Des projections certes alarmantes mais qui rejoignent les autres modélisations déjà publiées.
Hasard de l’actualité : en Angleterre, les sodas énergisants pourraient bientôt être interdits aux moins de 16 ans. Le gouvernement, qui veut améliorer la santé physique et mentale des jeunes et lutter contre l’obésité, a lancé début septembre une consultation pour limiter la vente de boissons contenant plus de 150 mg de caféine par litre, parmi lesquelles des marques phares comme Red Bull, Monster ou Prime Energy. Wes Streeting, secrétaire à la Santé, rappelle que ces produits perturbent le sommeil, réduisent la concentration, augmentent l’anxiété, et que leurs versions les plus sucrées favorisent l’obésité ainsi que les caries dentaires. En Angleterre, environ un adolescent sur trois âgé de 13 à 16 ans, et près d’un enfant sur quatre de 11 à 12 ans, consomment une ou plusieurs de ces boissons chaque semaine. Selon les estimations officielles, une telle interdiction pourrait éviter l’obésité de 40 000 enfants et générer pour la santé publique des bénéfices évalués à plusieurs dizaines de millions de livres.
Source : EASD 2025 - 14OP 14 Lifestyle and pharmacological risk factors for type 2 diabetes ; Ban on selling high-caffeine energy drinks to boost kids’ health (Gov.uk ; 2 September 2025)
Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet