L’espérance de vie en bonne santé recule en France en 2022
22 décembre 2023
La tendance est à la hausse depuis 2008 : l’espérance de vie sans incapacité augmente chez les femmes et les hommes. Toutefois, selon les chiffres de la Direction de recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiés ce vendredi, les indicateurs ont reculé entre 2021 et 2022.
Une espérance de vie qui progresse ? Tant mieux. Mais dans quel état de santé ? L’espérance de vie sans incapacité – c’est-à-dire en bonne santé – est mesurée par la Direction de recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Ainsi, selon les statisticiens, à 65 ans, les femmes peuvent espérer vivre encore 11,8 ans sans incapacité et les hommes, 10, 2 ans. Des chiffres en augmentation par rapport à 2008, première année de calcul de cet indicateur avec la méthode actuelle. Ainsi, en 14 ans, l’indicateur a grimpé de 1 an et 9 mois pour les femmes, 1 ans et 6 mois pour les hommes.
La méthode de calcul, qu’elle est-elle ? Un échantillon de personnes répond à la question suivante : « Etes-vous limité, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? » Les répondants indiquent s’ils connaissent des limitations, fortes ou non le cas échéant. Ainsi, en 2022, l’espérance de vie sans incapacité forte à 65 ans s’élève à 18,3 ans chez les femmes et 15,5 ans chez les hommes.
Un recul encore difficile à expliquer
Depuis 2019, l’évolution de ces indicateurs est discontinue, la faute à l’épidémie de Covid-19. Après une forte hausse de la mortalité en 2020, et une baisse des indicateurs, ceux-ci avaient nettement progressé en 2021, dépassant même les niveaux attendus s’il n’y avait pas eu la crise sanitaire.
Pourtant, en 2022, alors que la pandémie reculait, les espérances de vie sans incapacité et sans incapacité forte à 65 ans ont baissé et retrouvé leur niveau de 2020. Comment l’expliquer ? Pour l’heure, les statisticiens ne s’y risquent pas. « Les données des années suivantes devraient permettre de vérifier si la baisse observée en 2022 est momentanée, effaçant l’évolution anormale observée en 2021 avant un retour aux évolutions usuelles observées avant la crise, ou si cette baisse se poursuit et marque une rupture dans la tendance de long terme de l’indicateur », notent-ils.
Bien placée en Europe… en 2021
En 2021, la France se situait au-dessus de la moyenne européenne. L’espérance de vie sans incapacité pour les femmes était supérieure de 2 ans et 8 mois pour les femmes françaises, de 1 ans et 10 pour les hommes français. Concernant les autres indicateurs, « en 2021, la France est 2e parmi les 27 pays de l’Union européenne pour l’espérance de vie des femmes à 65 ans et 3e pour l’espérance de vie des hommes à 65 ans. Elle est au 3e rang pour l’espérance de vie sans incapacité des femmes à 65 ans et au 4e rang pour celle des hommes », détaille l’étude. Alors que 2021 a été marquée par une hausse des indicateurs, les chiffres de 2022 placeront-ils encore la France en bonne position par rapport aux moyennes européennes ?
A noter : la Drees calcule également l’espérance de vie à la naissance, sans incapacité, qui prend donc en compte tous les âges et événements de la vie. « À la naissance, en 2022, les femmes peuvent espérer vivre 65,3 ans sans incapacité et 77,5 ans sans incapacité forte ; les hommes, 63,8 ans sans incapacité et 73,5 ans sans incapacité forte », précisent les statisticiens. Des chiffres également en recul par rapport à 2021.
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Source : Drees, L’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est de 11,8 ans pour les femmes et de 10,2 ans pour les hommes en 2022, décembre 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet