Maisons de naissance : le « oui » du gouvernement

27 novembre 2015

Le combat a porté ses fruits. Après plusieurs années de revendication, le Conseil National de l’Ordre des sages-femmes vient d’obtenir l’aval du gouvernement pour l’ouverture – à titre expérimental – de 9 maisons de naissance. Ces structures donneront la possibilité aux futures mamans d’accoucher sans assistance médicale. La condition requise ? Aucune complication ne doit survenir au cours des 9 mois de grossesse, de l’accouchement et du suivi post partum.

Ce jeudi 26 novembre, l’arrêté confirmant l’autorisation à titre expérimental des maisons de naissance a été inscrit au Journal officiel. Un jour à marquer d’une pierre blanche pour les sages-femmes et maïeuticiens engagés dans ce combat. Depuis plusieurs années, de nombreux professionnels de santé militent en effet pour donner aux femmes enceintes à bas risque le choix d’accoucher dans un cadre non médicalisé.

Au total, 9 des 11 projets présentés en France métropolitaine et outre-mer ont été retenus. Cette expérimentation va durer 5 ans. Période au cours de laquelle aucune autre maison de naissance ne pourra ouvrir ses portes. Après 2 années de fonctionnement, chacune des 9 structures retenues sera pilotée par l’Agence Régionale de santé (ARS) compétente.

Diversifier l’offre périnatale. « Les femmes admises seront au préalable sélectionnées et ne devront présenter aucune pathologie et aucun risque avéré », détaille Marie Josée Keller, présidente du Conseil National de l’Ordre des sages-femmes. Pendant toute sa grossesse, la future maman bénéficiera d’un suivi personnalisé par une sage-femme référente. « Le jour de l’accouchement, la sage-femme connaît ainsi parfaitement le dossier médical de sa patiente, (…) une garantie supplémentaire de sécurité ». Si tout se passe bien, « après l’accouchement, les femmes ne sont pas hospitalisées. Elles rentrent chez elles quelques heures après la naissance, la sage-femme venant ensuite à leur domicile ».

Mais dès la moindre complication survenant au cours de la grossesse, la maman réintègre la prise en charge classique. Chaque structure sera attenante au pôle médical. Ainsi en cas de problème pendant l’accouchement, la maman et son enfant sont immédiatement transférés vers le service d’obstétrique.

La France en retard ? A l’étranger (Allemagne, Belgique, Etats-Unis, Québec, Suisse, …), les maisons de naissance existent déjà depuis plusieurs années. Dans l’Hexagone, le combat a été long. « La France est un pays ou l’hospitalo-centrisme est très marqué. Il faut du temps pour que ce système évolue et que l’on puisse concevoir la naissance hors de la maternité », précise Marie Josée Keller.

Mais cet arrêté ne remet pas en question le caractère médical de la profession. En maternité aujourd’hui, le mode de prise en charge ne repose pas toujours sur le tout médical. « La patiente ne voit un médecin qu’en cas de complication ». Preuve que l’accouchement « au naturel » et personnalisé a toute sa place. D’autant que les principales intéressées demandent elles-mêmes à être placées au coeur des décisions. Ainsi, en 2012, le Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) a mené l’enquête auprès de jeunes mamans ayant formulé des souhaits sur le déroulement de leur accouchement. Résultat, « 37% d’entre elles estimaient que leurs demandes (accompagnement de la douleur…)  n’avaient pas été respectées ».

  • Source : Conseil National de l’Ordre des sages-femmes, le 26 novembre 2015

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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