Médicaments anti-obésité, une grande partie des patients les stoppent avant un an

17 septembre 2025

La nouvelle classe de médicaments anti-obésité, les agonistes des récepteurs au GLP-1, s’avère efficace pour aider les personnes en situation d’obésité, mais non diabétiques, à perdre du poids. A condition de les prendre sur le long terme, pendant plusieurs années. Une étude danoise confirme ce que tous les médecins constatent en pratique, plus d’une personne sur deux les abandonne avant 12 mois de traitement.

En raison d’un effet on/off, les médicaments anti-obésité de la famille des analogues du GLP-1, tels que le liraglutide, le sémaglutide ou le tirzépatide (Saxenda®, Wegovy®, Mounjaro®), doivent être prescrits aussi longtemps que nécessaire pour obtenir une perte pondérale et surtout… la maintenir. En l’occurrence, le Wegovy® (une dose une fois par semaine en injection sous-cutanée, dans la cuisse ou le ventre) permet, dans le meilleur des cas, de perdre jusqu’à 10 % du poids initial en six mois. Car en pratique, les médecins observent souvent un arrêt prématuré du traitement, principalement en raison des effets indésirables gastro-intestinaux, bien connus. Quelques rares études ont déjà documenté ces interruptions précoces, qui entraînent presque systématiquement un effet yoyo, avec reprise du poids, parfois supérieure à la perte initiale.

La moitié des traitements anti-obésité interrompus avant un an

Cependant, une nouvelle étude en vie réelle chiffre ce phénomène : la moitié des adultes non diabétiques qui commencent un traitement amaigrissant par sémaglutide au Danemark l’interrompent dans l’année. « Cette baisse est préoccupante, car ces médicaments ne sont pas censés être une solution miracle et temporaire », explique l’auteur principal, le Pr Reimar Thomsen, du département d’épidémiologie clinique de l’université et de l’hôpital universitaire d’Aarhus (Danemark). Développés à l’origine pour le diabète, les agonistes du récepteur au GLP-1 se sont révélés prometteurs pour favoriser la perte de poids en réduisant l’appétit et en augmentant les signaux de satiété de l’intestin au cerveau. « Pour qu’ils soient efficaces, ajoute-t-il, ils doivent être pris sur le long terme. Tous les effets bénéfiques sur le contrôle de l’appétit disparaissent à l’arrêt du traitement. »

Afin de fournir des preuves supplémentaires de cet abandon rapide du traitement, les chercheurs ont utilisé les données des registres de santé nationaux du Danemark pour examiner la probabilité et les raisons de l’arrêt du traitement par sémaglutide pour la perte de poids chez tous les adultes (âgés de 18 ans ou plus) non diabétiques ayant débuté un traitement entre la date de lancement du médicament au Danemark (1er décembre 2022) et le 1er octobre 2023.

L’analyse a porté sur 77 310 nouveaux utilisateurs de sémaglutide pour la perte de poids. Après un an, plus de la moitié d’entre eux (52 %) n’en prenaient plus. Il s’agissait de personnes dont l’âge médian était 50 ans, et 72 % étaient des femmes. Et même, cet arrêt pouvait survenir très rapidement : 18 % des patients dès 3 mois, 31 % à 6 mois et 42 % à 9 mois.

Pourquoi tant de personnes arrêtent-elles le traitement ?

Plusieurs facteurs semblent expliquer ces arrêts précoces, à commencer par l’âge : les jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans étaient 48 % plus susceptibles d’interrompre le traitement au cours de la première année que ceux de 45 à 59 ans.

Le niveau socio-économique jouait également un rôle : les personnes vivant dans des zones à faibles revenus présentaient un risque d’arrêt supérieur de 14 % par rapport à celles résidant dans des zones plus aisées. Sur ce point, pas de surprise : le coût élevé du traitement constitue un frein majeur à sa poursuite sur des mois, voire des années. En France, il n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie (300 € par mois).

Les effets secondaires gastro-intestinaux, tels que nausées, vomissements et diarrhées, sont fréquemment rapportés par les utilisateurs de traitements anti-obésité. Ils conduisent de nombreux patients à interrompre leur traitement. Et sur ce point précis, l’étude met en évidence les profils les plus exposés à ces effets indésirables : les personnes ayant déjà pris des médicaments gastro-intestinaux étaient en effet 9 % plus susceptibles d’arrêter le sémaglutide au cours de la première année.

Contraintes financières et prédisposition aux effets indésirables

Les médecins ont également observé que les patients ayant des antécédents de traitements psychiatriques étaient 12 % plus susceptibles d’interrompre leur traitement au cours de la première année. Ceux atteints de maladies cardiovasculaires ou d’autres affections chroniques présentaient un risque accru d’arrêt d’environ 10 %. Selon les auteurs, ces constats suggèrent une probabilité plus élevée de survenue d’effets indésirables dans ces groupes.

Nombreux sont les facteurs qui pourraient contribuer à l’arrêt dans cette population (polymédication, manque d’observance, absence de couverture sanitaire, niveau de revenus faible…). Quoi qu’il en soit, « c’est particulièrement préoccupant, car les personnes présentant des comorbidités liées à l’obésité (cardiovasculaires notamment, ndlr) sont précisément celles qui tirent le plus de bénéfices du traitement », souligne le Pr Thomsen.

Ces résultats suggèrent que les contraintes financières et une prédisposition aux effets indésirables, en particulier vis-à-vis des effets gastro-intestinaux, jouent un rôle dans l’arrêt du traitement. Mais l’étude a également révélé que les hommes étaient 12 % plus susceptibles d’arrêter leur traitement au cours de l’année que les femmes, ce qui, selon les auteurs, pourrait refléter une perte de poids insatisfaisante compte tenu des meilleurs résultats généralement observés chez les femmes avec ces médicaments anti-obésité.

  • Source : Disontinuation of semaglutide therapy for weight loss: population-based study of the first 77,310 users in denmark, présenté lors du congrès annuel de l'Association européenne pour l'étude du diabète (EASD), à Vienne (15-19 septembre)

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous offrir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre quelles sections du site Web vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur notre politique de cookies sur nos CGU.

Aller à la barre d’outils