Ménopause précoce : le vrai du faux
14 janvier 2025
L’insuffisance ovarienne prématurée et la ménopause précoce correspondent à l’arrêt du fonctionnement des ovaires avant l’âge habituel de la ménopause, généralement situé entre 49 et 51 ans. Causes, symptômes, conséquences et traitement, un vrai - faux pour mieux comprendre.
Insuffisance ovarienne prématurée et ménopause précoce sont deux définitions pour une même réalité
FAUX. On réserve le terme d’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) aux cas de ménopause survenant avant l’âge de 40 ans. Entre 40 ans et l’âge habituel de 49-51 ans, on parle de ménopause précoce ou anticipée.
Lorsque la ménopause survient suite à des traitements comme la chimiothérapie ou la radiothérapie anticancéreuses, qui altèrent la fonction ovarienne, ou à une ablation des deux ovaires avant l’âge de 50 ans, on parle de ménopause « iatrogène ».
Une fois la ménopause précoce installée, aucune grossesse n’est possible
FAUX. En dehors des cas de ménopause chirurgicale, la ménopause est considérée comme définitivement installée après un an d’arrêt des règles. Toutefois, une reprise temporaire de l’activité ovarienne peut survenir au-delà de cette période. Ce phénomène, appelé résurgence folliculaire (ou ovarienne) est rare mais possible, notamment en cas d’insuffisance ovarienne prématurée et surtout après une chimiothérapie. Dans moins de 5 % des cas, une grossesse peut donc avoir lieu sans recours à l’assistance médicale à la procréation.
Un traitement est souvent responsable d’une insuffisance ovarienne prématurée
FAUX. En réalité, les causes des insuffisances ovariennes prématurées sont souvent difficiles à identifier, en dehors de celles liées à un traitement. Une prédisposition familiale peut être en cause, avec plusieurs membres de la famille, comme la mère, la grand-mère maternelle ou les sœurs, également touchées. Une origine génétique est retrouvée dans 30 à 40 % des cas. Un contexte de maladie auto-immune personnelle ou familiale est également possible. Un bilan permettra alors de rechercher des maladies associées, telles qu’une maladie thyroïdienne, un diabète ou d’autres troubles auto-immuns. Mais dans 50 à 60 % des cas, aucune cause précise n’est identifiée.
L’insuffisance ovarienne prématurée et la ménopause précoce entraînent simplement l’arrêt anticipé des règles et la perte de la fertilité
VRAI et FAUX. Comme pour la ménopause « normale », l’arrêt de l’activité ovarienne entraîne des symptômes gênants et peut avoir un impact sur la santé. Mais la grande différence est que celui-ci est d’autant plus marqué que l’insuffisance ovarienne prématurée survient avant 40 ans.
Le syndrome climatérique, comprend quatre signes cliniques principaux : les bouffées de chaleur (bouffées vaso-motrices), les sueurs nocturnes, les troubles génito-urinaires (sécheresse vulvo-vaginale, infections urinaires, envies urgentes d’uriner) et les douleurs articulaires. D’autres signes, comme une peau plus sèche peuvent exister, et des troubles du sommeil peuvent résulter des bouffées de chaleur et entraîner fatigue, troubles de l’humeur, irritabilité, pertes de mémoire et difficultés de concentration.
Mais l’impact sur la santé peut être bien plus considérable qu’en cas de ménopause « classique ». La carence hormonale en œstrogènes de manière précoce affecte la santé future, avec des risques accrus d’ostéoporose, de maladies cardiovasculaires et de troubles cognitifs précoces.
Le risque d’ostéoporose et de maladie cardiovasculaire est sans commune mesure avec les femmes ayant une ménopause à un âge « normal »
VRAI. La majorité des femmes ayant eu une insuffisance ovarienne prématurée présentent une diminution de la densité minérale osseuse après 50 ans, et souvent une ostéoporose si aucun traitement hormonal n’a été suivi.
Les maladies cardiovasculaires, principalement liées à l’athérosclérose, exposent au risque d’infarctus du myocarde, notamment au niveau des artères du cœur. Les femmes chez lesquelles l’activité ovarienne s’est arrêtée avant 45 ans, en particulier avant 40 ans, présentent un risque 2 à 3 fois plus élevé d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral, et souvent à un âge plus précoce. Ce risque accru résulte de diverses perturbations dues à la carence en œstrogènes : des troubles métaboliques, comme l’augmentation du cholestérol total et de la fraction LDL (mauvais cholestérol), des triglycérides élevés, une résistance à l’insuline liée à l’accumulation de graisses abdominales, contribuant ainsi au risque de diabète de type 2, ainsi qu’une modification des facteurs de coagulation du sang entraînant une hypercoagulabilité. De plus, il y a une altération directe de la paroi vasculaire, favorisant le développement de l’athérosclérose.
Un mode de vie sain chez les femmes avec une ménopause précoce ou une insuffisance ovarienne prématurée est un atout pour le cœur
VRAI. et notamment une alimentation saine. Mais surtout ces femmes doivent se voir prescrire un traitement hormonal (sauf en cas d’antécédent de cancer du sein). Ces avis émanent des sociétés savantes et de la Haute autorité en santé (HAS).
En effet, un arrêt précoce du fonctionnement ovarien n’est pas un phénomène physiologique normal. Comme pour tout déficit hormonal, la carence en œstrogènes résultant de cet arrêt doit être compensée, au moins jusqu’à l’âge de la ménopause « normale ». C’est pourquoi on parle de traitement hormonal substitutif (THS) et non de traitement hormonal de ménopause (THM), ce dernier étant réservé aux situations où le traitement est prescrit après 50 ans.
Le THS a prouvé son efficacité dans la correction des symptômes gênants de la ménopause, la prévention de l’atrophie vaginale, ainsi que de la perte osseuse post-ménopausique et des fractures liées à l’ostéoporose. De plus, toutes les études épidémiologiques indiquent que les risques d’infarctus du myocarde ou d’AVC sont considérablement réduits, voire annulés, si un THS est prescrit, au moins jusqu’à l’âge « normal » de la ménopause.
Le traitement hormonal substitutif consiste en une supplémentation en œstrogènes
FAUX. Le traitement hormonal substitutif (THS), comme le traitement hormonal de ménopause (THM), consiste à administrer des œstrogènes (estradiol, voire dans certains cas de femmes très jeunes, une pilule contraceptive œstroprogestative classique) pour compenser le déficit hormonal après la ménopause et en atténuer les conséquences. Mais il doit toujours être associé à de la progestérone afin de réduire le risque de cancer de l’utérus (endomètre). L’association avec des œstrogènes vaginaux aident à soulager le syndrome urogénital de la ménopause.
A noter : L’intérêt du THM a été remis en question en 2002 après la publication de l’étude américaine WHI. Cependant, toutes les études récentes considèrent que les bénéfices d’un THS sur la santé surpassent largement ses risques, qui restent minimes lorsqu’il est administré jusqu’à l’âge de 50 ans.
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Source : Documentation du Groupe d’Étude de la Ménopause et du Vieillissement hormonal (GEMVi), consultée le 02/01/25 ; ameli, site de l’Assurance-maladie, Collège national des gynécologues et obstétriciens français
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Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet