Myopie : une épidémie mondiale
12 octobre 2023
A l’occasion de la Journée mondiale de la vue, l’Institut de la vision alerte sur « l’épidémie silencieuse » de myopie. Alors que le nombre de cas explose partout dans le monde, les projections à l’horizon 2050 sont particulièrement alarmantes.
Ce jeudi 12 octobre, Journée mondiale de la vue, l’Institut de la vision zoome sur la myopie. « Une épidémie silencieuse » qu’il faut prendre au sérieux puisque « dans près de 10 % des cas, la myopie peut conduire à une maladie très forte, voire la cécité », alerte dans un communiqué Serge Picaud, directeur de l’Institut de la Vision. Pour rappel, la myopie, en fonction de sa sévérité, est une vision floue au-delà d’une certaine distance. Elle est liée à un écart trop important entre la cornée et la rétine, soit « un allongement excessif de l’œil », note la Fondation hôpital Rotschild. Cette maladie apparaît le plus souvent à l’école primaire, alors que l’enfant ne parvient pas à lire ce qui est écrit au tableau, s’aggrave avant de se stabiliser avant la trentaine, sauf pour les myopies fortes.
50 % de myopes en 2050 ?
Dès 2016, une étude publiée dans la revue Ophtalmology prédisait qu’en 2050, près de la moitié de la population mondiale serait myope. Un chiffre vertigineux qui annonce en outre des pathologies connexes. « Une forte myopie augmente le risque de pathologies oculaires comme la cataracte, le glaucome, le décollement de la rétine ou la dégénérescence maculaire, qui peuvent mener à une perte de la vision », indiquaient les résultats de l’étude. Les chercheurs ont estimé à 5 milliards le nombre de personnes qui souffriront de myopie en 2050 et à 1 milliard celles qui souffriront de forte myopie.
En 2022, en France, c’est la Fondation hôpital Rotschild qui lançait l’alerte. « La méconnaissance générale autour de cette maladie, tant sur ses facteurs de risque, d’évolution, d’aggravation, que son dépistage et ses modalités de traitement et de prise en charge, limitent les leviers d’actions actuels pour faire face à ce problème majeur de santé publique », regrettait dans un communiqué alors le Pr. Ramin Tadayoni, chef du service d’ophtalmologie.
Les changements de modes de vie dans le viseur
Divers outils de prévention sont désormais à disposition. Toutefois, « la meilleure prévention chez l’enfant reste de privilégier les activités en extérieur, de réduire les activités prolongées en vision de près, et de réaliser des dépistages réguliers », soulignait dans ce même document le Dr. Gilles Martin.
Les facteurs génétiques n’expliquent pas seuls une telle explosion du nombre de cas de myopie dans le monde. Selon l’étude publiée dans Ophtalmology, les principaux facteurs liés à cette épidémie sont des changements de modes de vie, comme la diminution du temps passé par les enfants à la lumière du jour et l’augmentation de l’utilisation des écrans et la vision de près inhérente à cette pratique. Dans les pays d’Asie comme Taïwan, la Corée du Sud ou la Chine où la situation est encore plus grave et est davantage prise au sérieux, l’augmentation fulgurante de la myopie serait également liée, « aux systèmes éducatifs sous haute pression ». A Taïwan, en 2000, 81 % des adolescents de 15 ans étaient myopes.
A noter : la myopie, comme les autres maladies oculaires doivent être dépistés précocement. Ainsi, du 12 au 21 octobre 2023, opticiens et orthoptistes partenaires de l’Association nationale pour l’amélioration de la vue (Asnav) se mobilisent en ouvrant leurs portes pour proposer un test de vue gratuit et répondre aux interrogations de chacun. Retrouvez ici la liste des participants.
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Source : Source : Global prevalencee of myopia and high myopia and temporal trends from 2000 trough 2050, ophtalmology, mai 2016 – Prevalence of myopia in Taiwanese schoolchildren : 1983 to 2000, Ann Acad Med Singap, janvier 2004 – Bientôt tous myopes, hôpital fondation Rotschild, janvier 2022 – Institut de la vision, communiqué du 12 octobre 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche