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Octobre Rose est le mois de sensibilisation et d’information sur le cancer du sein et notamment sur le dépistage. Pour rappel, le dépistage du cancer du sein fait partie des trois programmes nationaux de dépistage organisé en France avec le cancer colorectal et celui du col de l’utérus. Les taux de participation sont tous en deçà des objectifs fixés : 46,3 % pour le cancer du sein, 29,6 % pour le cancer colorectal sur la période 2023 – 2024. Quant au dépistage du cancer du col de l’utérus, le taux de participation était de 55,8 % en 2023.
Comment expliquer ces freins au dépistage ? C’est la question* qu’a posée le laboratoire Biogroup à un échantillon de 1019 personnes représentatives de la population française. Si 8 Français sur 10 se disent informés sur les différents examens de dépistage du cancer, 50 % d’entre eux se déclarent stressés à l’idée de se faire dépister dont 14 % “très stressés”. La peur du résultat est d’ailleurs le premier frein identifié dans cette enquête (27 %), suivie par les problèmes d’accessibilité (14 %) et le sentiment de ne pas être concerné (13 %).
« La peur est un frein puissant, et pourtant invisible, au dépistage. Avec cette étude, nous souhaitons mettre en lumière l’anxiété liée au dépistage et rappeler que prévenir, c’est déjà soigner », souligne le Dr Eric Flatin, biologiste médical à Biogroup.
Cette peur de l’examen, c’est la scanxiety, un néologisme formé à partir des mots anglais scanner et anxiety. En septembre 2023, une étude OpinionWay pour La Ligue contre le cancer révélait que 16 % des femmes de 50 à 74 (population cible du dépistage organisé du cancer du sein) ne se faisaient pas dépister par peur qu’on leur diagnostique un cancer, soit plus de 200 000 femmes. Selon cette même enquête, 34 % d’entre elles n’y participaient pas car elles n’avaient pas de symptômes, soit plus de 400 000 femmes.
En toute logique, la scanxiety s’observe d’autant plus après l’annonce d’un cancer. Chaque examen de contrôle, prise de sang, scanner, IRM, radiographies, peut déclencher une grande peur chez les patients. Ainsi, selon une étude publiée en 2023 dans la revue Cancers, l’anxiété liée à l’examen, dans les jours précédents, puis dans l’attente des résultats, est présente tout au long du parcours de soins des patients mais aussi chez ceux pour qui le cancer est derrière eux. Elle peut se manifester par une perte de sommeil, de l’appétit, du stress, un retentissement sur la vie de famille et la qualité de vie.
Contre la scanxiety, l’American Brain Tumor Association préconise de :
« Traiter la scanxiety, c’est reconnaître que l’expérience émotionnelle du dépistage fait pleinement partie du parcours médical. Lever ces freins, c’est donner plus de chances à la prévention et donc à la guérison », pointe le Dr Laurent Kbaier, directeur de la communication et Biologiste médical, Biogroup.
Pour la psychologue Hélène de la Ménardière, citée par Biogroup, cette inquiétude liée au dépistage doit être prise en compte par les professionnels. « Le dépistage précoce suscite une importante inquiétude, légitime, qui fait partie intégrante du parcours de soins. Se former et reconnaître la scanxiety en tant que professionnel de santé permet d’encourager le patient à y avoir recours mais aussi à le soutenir dans sa démarche, et ainsi permettre dans la mesure du possible un diagnostic précoce. »
*Enquête Ifop pour Biogroup, réalisée dans le cadre de l’Omnibus hebdomadaire par internet (OMCAWI) de l’Ifop, conduit chaque semaine.
Source : Enquête Ifop pour Biogroup, https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10000102/, American brain tumor association, La Ligue contre le Cancer, Santé publique France
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet