Pesticides : l’expertise qui accable…
13 juin 2013
La France est l’un des premiers utilisateurs mondiaux de pesticides : entre 80 000 et 100 000 tonnes par an. ©Phovoir
L’INSERM vient de rendre publique son expertise « Pesticides : effets sur la santé ». Les auteurs confirment que l’usage des herbicides, fongicides et autres insecticides augmente les risques de développer nombreux cancers et la maladie de Parkinson. Concernant les effets sur la grossesse et le développement de l’enfant, de multiples faisceaux de preuves sont également mis en avant.
Les pesticides sont présents partout dans l’environnement. « On peut les trouver dans l’air, l’eau, le sol et les denrées alimentaires », rappellent les auteurs de l’expertise. « En milieu professionnel, la voie cutanée représente la principale voie d’exposition ». Tandis que pour la population générale, les denrées alimentaires sont principalement mises en cause.
Cancer de la prostate : un lien confirmé
Selon les données analysées par l’INSERM, l’usage des pesticides chez les agriculteurs, les ouvriers d’usine et les populations rurales augmenterait le risque de cancer de la prostate de 12% à 28%. Principaux accusés : le chlordécone, la carbofuran, le fonofos… Autant de produits qui aujourd’hui sont interdits. Ce n’est pas tout, puisque les scientifiques ont également relevé un risque de « lymphomes non hodgkinien et de myélomes multiples chez les professionnels exposés aux pesticides du secteur agricole et non agricole ».
Insecticides et herbicides favorisent la maladie de Parkinson
Dans cette même population, un lien a pu être établi avec le développement de la maladie de Parkinson. Notamment pour les insecticides et les herbicides. L’association avec les fongicides n’a, pas été mise en évidence. Et pour cause, trop peu d’études ont été consacrées à ce sujet.
Quels risques pour la santé maternelle ?
« Il existe maintenant de nombreuses études épidémiologiques suggérant un lien entre l’exposition prénatale aux pesticides et le développement de l’enfant, à court et moyen terme », soulignent les auteurs de l’expertise. La littérature scientifique indique une augmentation significative du risque de morts fœtales et de malformations congénitales lors d’une exposition professionnelle maternelle aux pesticides. « D’autres études pointent une atteinte de la motricité fine et de l’acuité visuelle ou encore de la mémoire récente. Enfin une augmentation du risque de leucémie et de tumeurs cérébrales a été mise en évidence ».
Le lien entre certains pesticides et des atteintes de la fertilité masculine a aussi été clairement confirmé. Cependant les produits incriminés ne sont plus utilisés aujourd’hui. Des incertitudes persistent toutefois quant à ceux actuellement employés.
Poursuivre la recherche
En conclusion, les auteurs recommandent de mener des recherches plus approfondies. « Le lien entre pesticides et infertilité chez la femme est mal connu et mériterait d’être mieux étudié. » Ils insistent également sur la nécessité « d’une meilleure connaissance des données d’expositions anciennes et actuelles de la population professionnelle exposée aux pesticides directement ou indirectement ».
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : David Picot