Quand le cannabis abîme le cerveau
27 novembre 2014
Sur le long terme la consommation de cannabis réduit le volume de matière grise. ©Creative Commons Flickr Fora do Eixo
Recherché par les consommateurs pour ses effets stimulants, le cannabis est aussi connu pour altérer la mémoire et perturber les réflexes. Autrement dit, la marijuana impacte directement le cerveau dès lors qu’elle est consommée régulièrement sous forme de joints. Ainsi, « dix ans après leur première prise, une réduction du volume cérébral est observée chez les gros fumeurs », viennent de découvrir des chercheurs américains.
Dans les premières années de consommation, certains jeunes fumeurs de cannabis présentent « une stimulation cérébrale au-delà de la moyenne », ont démontré les auteurs d’une étude récemment publiée dans les comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS). Autrement dit, l’adolescent ou le jeune adulte adepte peut au départ être plus réactif que ces camarades abstinents et ne présenter en premier lieu aucun trouble de la mémoire ni d’apprentissage.
6 à 8 ans plus tard
Mais positives en apparence, ces réactions ne sont que passagères et seraient même le moyen de cacher un trouble cérébral plus profond. « Six à huit ans après la première prise, le câblage entre les neurones est fortement endommagé si l’adolescent fume régulièrement », ont en effet contrebalancé les chercheurs. Des dommages cérébraux d’autant plus importants que la première prise est précoce.
Pour le prouver, l’équipe du Pr Francesca Filbey (Université de Dallas, Texas) a suivi 62 abstinents et 50 fumeurs réguliers. Chaque consommateur a dû fumer 3 joints chaque jour. Les 112 volontaires ont ensuite été soumis à des tests cognitifs par IRM. Chez les fumeurs uniquement, les chercheurs ont pu mettre en évidence une réduction de la masse cérébrale dans le cortex orbitofrontal, siège de l’addiction. Raison pour laquelle à terme, cette atteinte pourrait déclencher une forte tendance à la polyconsommation, soit une porte d’entrée vers la dépendance à d’autres produits (cigarettes, alcool, drogues dures…).
« Encore partiels, ces résultats sont tout de même à prendre au sérieux », a tenu à préciser le Pr Francesca Filbey. Depuis 2007, les Etats-Unis ont en effet enregistré une hausse de la consommation de cannabis dans la population adolescente. En France, et ce malgré une législation des plus strictes, les jeunes sont classés parmi les plus gros consommateurs d’Europe.
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Source : Université de Dallas, Texas, novembre 2014.
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Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet