Tout savoir sur les pouches, ces sachets de nicotine bientôt interdits

31 octobre 2024

Les pouches, des sachets de nicotine à placer contre la gencive, ainsi que les perles de nicotine devraient être interdits à la vente dans les semaines à venir, a annoncé la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq. Ces produits, qui ont la cote chez les adolescents, favorisent l’addiction à la nicotine et peuvent, en cas de forte consommation, provoquer des syndromes nicotiniques aigus.

Après l’interdiction prochaine des puffs, attendue d’ici à décembre, celle des pouches suivra très rapidement. La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a en effet annoncé dans un entretien au journal Le Parisien que les pouches (sachets de nicotine sans tabac, également appelés nicotine pouches ou nicopods) seraient bientôt interdits à la vente sur le territoire. Ces produits, faussement présentés par les industriels comme des aides au sevrage tabagique, sont commercialisés depuis 2022. Ils sont vendus illégalement par certains buralistes, enseignes de vapotage et promus sur les réseaux sociaux. Le dernier rapport du Comité national contre le tabagisme (CNCT) sur la publicité révélait que 60 % des buralistes proposaient ces sachets de nicotine.

Dans un communiqué du 30 octobre, le CNCT soutient l’interdiction des pouches annoncée par la ministre, qui dénonce ces produits comme une voie royale vers le tabagisme. Le Pr Yves Martinet, président du CNCT, confirme : « L’ensemble des nouveaux produits du tabac et de la nicotine, largement promus par les industriels, constituent de nouvelles portes d’entrée à la nicotine. Les arômes servent à attirer les jeunes, et le fort taux de nicotine vise à les fidéliser ».

Ces produits sont clairement conçus pour créer une dépendance à la nicotine et, potentiellement, mener vers la cigarette. Pour rappel la nicotine reste l’une des substances les plus addictives, rendant ainsi le sevrage tabagique particulièrement difficile.

Que sont les pouches ?

Les pouches, avec leur apparence de bonbons et leurs emballages colorés (un tissu perméable en fibres de polymères imprégné de nicotine et d’arômes), ainsi que leurs saveurs acidulées, ont rapidement séduit les jeunes. Ce marketing ciblé est efficace : selon un sondage fin 2023 mené par Alliance contre le tabac auprès des 13-16 ans, parmi ceux connaissant ces produits, près de 1 jeune sur 10 a déjà expérimenté les perles de nicotine (11 %) et les sachets de nicotine (9 %).

Ces mini-sachets, ou perles de nicotine, se placent entre la lèvre et la gencive, permettant une diffusion de la substance à travers la muqueuse bucco-gingivale. Contrairement aux perles, les sachets doivent être retirés une fois que la nicotine est totalement libérée, mais les gencives étant très vascularisées, la nicotine passe rapidement dans le sang, offrant ainsi un effet semblable à un shoot de nicotine.

Ces sachets et perles contiennent entre 2 et 20 mg de nicotine. Mais il ne faut pas se fier aux indications sur l’emballage ! Le CNCT a même relevé des sachets de certaines marques vendues en ligne contenant jusqu’à 100 mg de nicotine. De plus, certains de ces produits sont formulés avec des sels de nicotine, plus addictifs que la nicotine de base.

Quels sont les dangers des pouches ?

Fin novembre 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait alerté sur ce danger : « les adolescents, premiers ciblés et premiers intoxiqués ».

La consommation de pouches n’est pas sans risques vasculaires : palpitations, formation de caillots, phlébites, accidents vasculaires cérébraux peuvent survenir. « Les centres antipoison reçoivent de plus en plus d’appels d’adolescents pour des syndromes nicotiniques aigus, parfois sévères », a illustré la ministre de la Santé. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car ce constat repose uniquement sur les déclarations faites aux centres antipoison.

L’Anses précise que la majorité des intoxications liées aux sachets de nicotine ou au snus (les mêmes mais contenant aussi du tabac) concerne des jeunes âgés de 12 à 17 ans, et que ces consommations sont le plus souvent intentionnelles, souvent signalées par les établissements scolaires. Les signes d’intoxication sont parfois graves, avec des symptômes tels que des vomissements répétés, une déshydratation ou encore des convulsions.

Des produits commercialisés en dehors de tout cadre réglementaire

Pour compenser la baisse du tabagisme, les fabricants de tabac sont contraints de capter de nouveaux consommateurs en introduisant sur le marché, parfois de manière illégale, des produits contenant des doses très élevées de nicotine. En France et dans l’Union européenne, sachets et perles de nicotine sont ainsi vendus sans aucune déclaration préalable, précise le CNCT. Aucune information n’est d’ailleurs fournie concernant leur composition précise, leur toxicité ni leur volume de ventes, alors qu’il s’agit de produits classés dans la catégorie des substances vénéneuses et toxiques.

L’imagination des industriels n’a pas de limites. Pour Loïc Josseran, Président de l’Alliance contre le tabac, « il est urgent de mettre en place une réglementation commune à tous ces produits qui ne visent qu’une chose : rendre addicts nos enfants dès le plus jeune âge pour assurer la prospérité de leur business. »

Ce ne sont pas des produits destinés au sevrage tabagique !

Ces produits ne bénéficient pas d’une autorisation de mise sur le marché et ne relèvent pas des exceptions concernant les produits à la nicotine autorisés comme médicaments pour le traitement de l’arrêt du tabac chez les fumeurs.

Ne vous laissez pas piéger : contrairement aux messages marketing, le CNCT affirme qu’aucune donnée scientifique ne justifie l’utilisation des sachets de nicotine dans le cadre du sevrage tabagique.

 

Pour en savoir plus :

Le Comité National Contre le Tabagisme s’exprime sur les pouches

Sachets de nicotine ou de tabac : un risque pour les jeunes, par l’Anses

  • Source : Les communiqués et sites internet du Comité national contre le tabagisme, d'Alliance contre le tabac, de l'Anses, du journal Le Parisien (consultés le 31/10/24)

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils