Sport : un retour au plus haut niveau est-il possible après une fracture ?
18 mars 2024
Immobilisation, fonte musculaire, perte du geste sportif, dégradation des capacités d’endurance… un sportif peut-il espérer retrouver son niveau après une fracture ? Avec quel type de rééducation ?
Récemment, la perchiste Margot Chevrier s’est grièvement blessée à la cheville gauche, en finale du concours de saut à la perche des Mondiaux d’athlétisme en salle à Glasgow (Ecosse). Après une mauvaise réception, elle souffre d’une fracture ouverte du talus, anciennement connu sous le nom d’astragale. Cet os assure le lien entre l’articulation du pied et celle de la cheville, « c’est par son intermédiaire que s’effectuent les mouvements de flexion/extension du pied », note sur son site le chirurgien orthopédique Philippe Paillard.
Quelles fractures ?
Chez les sportifs, une fracture survient généralement lors d’une chute ou d’un choc avec un adversaire ou un équipement. La fracture de la cheville est l’une des plus fréquentes. Le plus souvent, il s’agit d’une fracture de la malléole externe. La fracture de la clavicule est également répandue, notamment lors d’une chute à vélo ou au judo. Tout comme la fracture d’un doigt ou d’un métacarpien, qu’on retrouve dans le volleyball, le handball… Les sports de contact, comme le rugby ou les sports de combat, sont responsables de fractures au niveau du visage. Récemment, on se souvient de la fracture maxillo-zygomatique, du capitaine du XV de France Antoine Dupont, en Coupe du monde de rugby.
Les sportifs sont également soumis aux fractures de fatigue. « Il s’agit d’une lésion par hyper sollicitation ou sur entraînement », explique l’Institut de recherche du bien-être de la médecin et du sport santé (IRBMS). Elles touchent le plus souvent les membres inférieurs, métatarses, calcanéum, tibia, péroné… Des efforts sportifs excessifs génèrent des microfissures qui au bout d’un moment laissent apparaître une fracture de fatigue. Un entraînement trop exigeant, un mauvais équipement notamment peuvent favoriser l’apparition de ces fractures.
Certaines fractures engagent le pronostic vital et doivent être opérés en urgence. C’est le cas de gros os, comme le fémur dont la fracture peut engendrer des pertes de sang, emprisonnées dans la cuisse, et qui peuvent mener à un choc hémorragique.
Intervention chirurgicale ou non ?
Lors d’une fracture ouverte, comme dans le cas de Margot Chevrier, la chirurgie est aussi un passage obligatoire. Pour protéger l’os en premier lieu et diminuer ainsi les risques d’infection. Il est aussi souvent nécessaire de fixer l’os avec l’aide de matériel de fixation. Les fractures déplacées, instables ou complexes nécessitent le plus souvent une intervention chirurgicale afin de retrouver la meilleure fonction possible du membre touché mais aussi une arthrose précoce en cas de mauvaise prise en charge.
Pour les fractures simples, non déplacées, le traitement consiste en une immobilisation du membre fracturé (plâtre, atèle ou anneaux claviculaires, écharpes). Concernant les fractures de fatigue, selon l’IRBMS, l’intervention chirurgicale est exceptionnelle. « Le traitement est donc celui habituel dans ce type de lésion : décharge éventuelle si possible, repos sportif, glaçage, attelle ou orthèse », précise l’Institut qui estime que 4 à 8 semaines seront nécessaires pour que l’os soit consolidé.
Quelle rééducation ?
Au moins 45 jours seront nécessaires pour que l’os soit consolidé. Pour les fractures avec une intervention chirurgicale, la rééducation peut débuter dès le lendemain. « Les premiers jours de kinésithérapie post chirurgie, consistent à calmer la douleur, travailler la mobilité articulaire et à drainer un éventuel œdème ou hématome. La cryothérapie locale permet de calmer les signes inflammatoires et la douleur », précise le site spécialisé dans le soin pour les blessures des sportifs Hopp-Sport.
Il s’agit sinon de retrouver la mobilité du membre accidenté. « L’objectif est d’éviter la raideur et de stimuler la musculature globale afin de ne pas perdre trop de muscle durant la phase de repos », poursuit Hopp-Sport. Dès que c’est possible le travail de mobilité spécifique débute ainsi que du renforcement musculaire. Il faudra ensuite retrouver le geste sportif et les contraintes du sport de haut niveau.
Peut-on retrouver son niveau ?
« Si le sportif de haut niveau ne s’est pas détruit l’articulation, si la lésion est bien réparée et s’il a été correctement pris en charge, il peut revenir à son niveau initial après une blessure », note sur son site Internet le Dr. Christophe Cermolacce. C’est aussi le mental qui entre en jeu à ce moment-là. La survenue d’une fracture peut laisser un traumatisme et la rééducation d’un sportif doit aussi lui permettre de retourner sans crainte sur une piste ou terrain. « Un joueur qui se fait une grosse fracture de cheville, fréquente au rugby, reprend 5 mois plus tard. C’est en grande partie grâce au mental », ajoute le spécialiste.
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Source : IRBMS, le site du Dr. Christophe Cermolacce, le site du Dr. Philippe Paillard, Hopp-Sport.com
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet