Un bébé après 40 ans ? Des risques à ne pas négliger
11 juin 2013
Une grossesse après 40 ans expose une femme à des risques obstétricaux importants. ©Phovoir
Etudes de plus en plus longues, difficultés pour trouver un emploi, volonté de mener à bien sa carrière professionnelle… Autant de raisons qui expliquent pourquoi les Françaises ont leur premier enfant de plus en plus tard. Si la moyenne se situe encore autour de 29 ans, certaines d’entre elles attendent d’avoir passé les 40 ans. Le Pr Alexandra Benachi, gynécologue obstétricien à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart alerte, dans le cadre des 6e Assises de la Fondation PremUp, sur les risques obstétricaux inhérents à ces grossesses tardives. Et en particulier celles obtenues par don d’ovocyte ou d’embryon. Explications.
« Les grossesses tardives posent surtout un problème à partir de 42 ans », précise le Pr Benachi. A cet âge, la fertilité naturelle diminue drastiquement. Et pourtant, elles représentent aujourd’hui en France environ 3,5% des grossesses. « Bien sûr, tout peut très bien se passer, si la future maman n’a aucun antécédent médical particulier et qu’elle a déjà eu des enfants », poursuit-elle.
Toutefois, le risque de pré-éclampsie, de diabète gestationnel, d’accouchement prématuré ou encore de fausse couche est bien plus important par rapport à une femme plus jeune. En réalité « celles qui posent vraiment problème sont les premières grossesses à cet âge-là. D’autant que certaines de ces patientes ne sont pas très bien suivies en amont. Et lorsque ces femmes ont recours à un don d’ovocyte ou d’embryon à l’étranger, les risques encourus sont encore augmentés », ajoute Alexandra Benachi.
Enceinte à tout prix
« Enceintes pour la première fois après 42 ans avec un embryon ou un ovule qui n’est pas le leur, ces femmes s’exposent à de gros risques », assure-t-elle. Le taux de pré-éclampsie est en effet de 15% à 20%, contre 1,5% à peine dans la population générale. Le risque de diabète gestationnel et d’accouchement prématuré est également très élevé dans ces cas. « Une étude publiée en 2012 dans la revue Human reproduction montre qu’il y a nettement plus de complications dans ce groupe de patientes que dans les autres, sans pour autant que l’on comprenne exactement pourquoi. »
De plus en plus de femmes et de couples se tournent pourtant vers des centres et cliniques, en Espagne, en Belgique ou dans certains pays de l’Est de l’Europe. Ce tourisme procréatif se développe en raison des tarifs de plus en plus accessibles, « notamment dans les pays de l’Est ». Ainsi, moyennant rémunération, ils vont chercher des ovocytes ou des embryons. En France, « il y a très peu de donneuses d’ovocytes et les critères pour en bénéficier sont restreints », explique le Pr Benachi.
Consulter avant la grossesse
Autre difficulté : le suivi. « Je suis des patientes déjà enceintes mais qui n’ont pas consulté avant de se lancer dans cette aventure », raconte Alexandra Benachi, qui travaille dans une maternité parisienne de type 3. « Elles prennent rendez-vous dans un établissement comme le nôtre parce qu’elles sont enceintes à 46 ans et savent qu’elles seront prises en charge correctement du point de vue maternel et fœtal. »
Or « il ne faut pas banaliser les grossesses resplendissantes à 45 ans comme celles que l’on voit dans les médias », insiste-t-elle. « Ce n’est pas possible pour toutes les femmes. » D’un autre côté, « je ne souhaite pas non plus les stresser en leur disant que c’est impossible. Il faut juste qu’elles soient conscientes des risques encourus. » Alors, dans le cas où une patiente souhaiterait avoir recours à un don d’ovocyte ou d’embryon dans un pays étranger, elle lui conseille « d’avoir au moins une consultation avec son généraliste avant ». Objectif : « vérifier qu’il n’y a pas d’hypertension, ni d’autre pathologie particulière. »
Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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Source : interview du Pr Alexandra Benachi, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Antoine Béclère, Clamart, 3 juin 2013