Zika : une vague épidémique en Europe ?

25 avril 2016

Présent dans 34 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, Zika continue sa progression. Mais qu’en est-il de ce côté-ci de l’Atlantique ? Pour répondre à cette question, des chercheurs français ont étudié les différents scenarii possibles de l’introduction de ce virus en Europe.

A ce jour, le virus Zika – transmis par des moustiques de genre Aedes – a touché plus d’1,5 million de personnes dans le monde. Et le nombre de cas importés en Europe depuis le continent américain augmente au fil des semaines. Or, le moustique Aedes albopictus, présent dans 20 pays européens, et en France dans 30 départements, entrera en activité dès le mois de mai, quand les conditions climatiques seront favorables à son développement. Le risque d’une transmission locale du virus Zika en Europe est-il à craindre ?

Quatre populations de moustiques à l’étude

Pour répondre à cette question, des scientifiques de l’Institut Pasteur ont modélisé les capacités de transmission du virus de quatre populations de moustiques : deux populations Ae. Aegypti sur l’Île de Madère. Lieu d’importants échanges avec le Brésil et le Venezuela. Les deux autres populations de moustique (Ae. Albopictus) ont été observées dans le sud de la France.

Les scientifiques ont procédé à l’infection « des femelles de moustiques avec le virus Zika de génotype asiatique, équivalent à celui qui circule actuellement au Brésil ». Résultat, « le moustique Aedes Aegypti présent à Madère est plus enclin à soutenir une transmission locale du virus Zika qu’Aedes Albopictus », détaillent les chercheurs. Dans le détail, « chez Ae. Aegypti, le virus ne met que 9 jours à effectuer un cycle complet, et à atteindre les glandes salivaires de l’insecte. Zika est alors prêt à être inoculé à un nouvel hôte lors d’une piqûre. Contre 14 jours concernant Aedes albopictus ».

Il semblerait donc que le moustique tigre du sud de la France, et probablement d’Europe continentale, soit moins capable d’assurer une transmission locale du virus Zika. Ce que tendrait à appuyer l’hypothèse d’un scenario de transmission se limitant aux régions où Ae. aegypti est présent, soit l’île de Madère.

Un risque réel ?

D’autres pistes sont à envisager dans l’anticipation et la prévision du risque épidémique. Le retour des jeux olympiques en août prochain – au Brésil – sera en effet l’occasion d’une augmentation de la mobilité entre les pays. « Un renforcement de la surveillance et le contrôle des moustiques dès la détection des premiers cas importés devraient demeurer une priorité forte en Europe », conclut les scientifiques. 

  • Source : Institut Pasteur, le 25 avril 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

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