Alcool : la HAS épingle une campagne publicitaire
09 décembre 2015
©Phovoir
Depuis quelques jours, une campagne publicitaire lancée par Vin et Société (qui représente la filière viticole en France) est diffusée dans plusieurs médias grand public. La Haute Autorité de Santé (HAS) estime que ladite campagne détourne les recommandations en matière de consommation… et ainsi brouille les messages sanitaires. Explications.
Les affiches publicitaires indiquent qu’« aimer le vin, c’est connaître les repères de consommation ». Ainsi, Vin et Société y rappelle 4 repères. A savoir :
- 2 verres quotidiens maximum pour les femmes ;
- 3 pour les hommes ;
- 4 en une seule occasion ;
- 0 une fois par semaine.
Problème, ces « repères de consommation » sont en réalité « les seuils qui nécessitent de déclencher une intervention médicale », précise la HAS. « Il ne s’agit en aucune façon de dire qu’en dessous de ces seuils, la consommation serait normale, recommandée ou exempte de risque », comme on pourrait le comprendre à la vue de ces affiches publicitaires.
Ces repères avaient en effet été publiés en 2014 dans un outil de repérage des consommations à risque pour l’alcool, le tabac et les drogues à destination des professionnels de santé.
Des seuils correspondant à des risques avérés
« La consommation de tabac, d’alcool et de cannabis représente un problème de santé publique majeur. » La HAS « juge que la campagne publicitaire orchestrée par Vin et Société, relayée dans un grand nombre de médias grand public depuis quelques jours, transforme des seuils de consommation à risque nécessitant une prise en charge médicale en « repères » pour une consommation ‘acceptable’ ».
Au-dessus de ces seuils d’alerte, les risques sont avérés : « dommages physiques (complications hépatiques, cardio-vasculaires et neuropsychiatriques, cancers), psychiques ou sociaux ». La HAS insiste par ailleurs « sur le fait que ces seuils ne peuvent s’appliquer à certaines populations : les jeunes de moins de 25 ans, les femmes enceintes, les personnes atteintes de maladies chroniques, les personnes âgées ou les personnes prenant un traitement médical ».
« La puissance de feu publicitaire du lobby du vin »
La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) rappelle que « l’alcool est de très loin le produit qui entraîne le plus de désordres familiaux et sociaux ». Pour elle, « toute action de promotion qui, d’une manière ou d’une autre, tend à légitimer la consommation d’alcool ne peut être que préjudiciable à la santé publique ».
De son côté, l’Association nationale de Prévention en Alcoologie et en Addictologie (ANPAA) dénonce « le lobby du vin (qui) démontre sa puissance de feu publicitaire avant même le démantèlement officiel de la loi Evin […] obtenu dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé ». En effet, « en se payant de pleines pages dans la presse pour promouvoir le vin sous une forme d’apparence innocente, il annonce avec fracas ce qui nous attend comme déferlement publicitaire pour inciter les Français à consommer de l’alcool. »
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Source : HAS, 8 décembre 2015 - Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie, 9 décembre 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche