Alcool : « maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours »
26 mars 2019
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Cirrhose, hépatite C, cancer du foie… les maladies liées à l’alcool sont souvent associées aux gros consommateurs dépendants. Pour autant, ces pathologies létales impactent aussi les petits buveurs. Le point dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.
Nul besoin de consommer à outrance de l’alcool pour souffrir des dommages collatéraux de ces boissons. En effet, l’alcool impacte la santé humaine, « même à faibles doses », confirment les auteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Au-delà de 10 verres d’alcool par semaine (100 g d’éthanol pur) la mortalité attribuable à l’alcool « devient significative et augmente de manière exponentielle », note le Pr Mickaël Naassila, président de la Société française d’alcoologie*.
Plus de la moitié des maladies hépatiques trouvent leur origine dans la consommation d’alcool. Et au total, l’alcool serait responsable de 60 maladies. « Ce qui explique sûrement pourquoi l’alcool a été identifié comme une des toutes premières causes d’hospitalisation grâce aux données PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information) de 2012 en France », détaille le Pr Naassila. Les deux sexes sont bien sûr concernés. Mais « la morbi-mortalité liée à la cirrhose est supérieure chez les femmes, comparativement aux hommes et à consommation égale ».
1 à 2 verres par jour maximum
« La consommation d’alcool ne saurait être recommandée », atteste le Pr Mickaël Naassila. Et « elle ne devrait pas excéder 1 à 2 verres (10 à 20 g d’éthanol pur) par jour, et pas tous les jours, sans dépasser 10 verres (100 g d’éthanol pur) par semaine ». Des repères établis en 2017 par Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa).
Selon le baromètre Santé publique France 2017**, ces valeurs seuils sont dépassées par un quart des 18-75 ans. Le sexe et l’âge influent sur les comportements. « Les hommes sont davantage concernés par ce dépassement (33%) que les femmes (14%). » Et « les plus jeunes consomment plus intensément que les plus âgés, dont la consommation est plus régulière ».
Femmes enceintes et adolescents
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Rappelons que l’alcool est vivement déconseillé aux femmes enceintes : il engendre notamment un risque de syndrome d’alcoolisation fœtale. Entre 2011 et 2018, la proportion de femmes enceintes abstinentes pendant leur grossesse est passée de 79,6% à 88%. Selon l’étude Elfe, « environ 17% des femmes ont consommé en moyenne moins d’un verre d’alcool par mois et environ 4% plus d’un verre par mois ». La consommation d’alcool est aussi à éviter chez les adolescents, notamment en cas de troubles psychiatriques tels que la schizophrénie.
A noter : aussi légale soit-elle, la consommation d’alcool représente un lourd fardeau en termes de santé publique. Chaque année en France, ces boissons banalisées et au centre de beaucoup de vies sociales sont à l’origine de 41 000 décès, par maladies cardiovasculaires, cancers et hémorragies cérébrales notamment. Après le tabac, il s’agit du deuxième facteur de risque de mortalité par cancer.
*et directeur de l’Unité INSERM UMR 1247 Groupe de recherche sur l’alcool & les pharmacodépendances de l’Université de Picardie Jules Verne
**organisé entre le 5 janvier et le 18 juillet 2017. « Les 5 645 personnes ayant bu de l’alcool au cours de l’année ont été interrogées sur la fréquence et l’intensité de leur consommation d’alcool lors des sept derniers jours. »
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Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n°10-11, mars 2019
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Ecrit par : : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon