Détecter les maladies du foie avant qu’il ne soit trop tard
16 janvier 2019
Natali_ Mis/shutterstock.com
Le dosage des transaminases (test sanguin) devrait être systématisé pour détecter les maladies du foie le plus précocement possible. Et lutter contre l’augmentation de la mortalité liée aux pathologies hépatiques. Une revendication exprimée depuis plusieurs années par le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine).
Elles peuvent être contrôlées voire guéries si elles sont repérées suffisamment tôt… pourtant les maladies du foie font de plus en plus de morts chaque année en France.
Pour mieux prévenir ces pathologies, le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l’hôpital Beaujon de Clichy (Assistance publique – Hôpitaux de Paris), et organisateur de la Conférence d’hépatologie de Paris (14 et 15 janvier), prône le potentiel d’un test de dépistage sanguin. La priorité, défendue depuis plusieurs années par le Pr Marcelin. Pratiquer en masse ce dispositif basé sur le dosage des transaminases : une concentration élevée constitue en effet un parfait indicateur d’une inflammation du foie.
Le foie, « un organe silencieux »
« Le dosage systématique des transaminases lors de tout examen de routine constitue aujourd’hui le meilleur outil pour dépister à grande échelle et traiter efficacement les maladies du foie encore trop souvent négligées », détaille le Pr Marcellin. « On dose systématiquement la glycémie pour dépister un diabète, pourquoi ne pas doser les transaminases lorsqu’une lésion du foie est suspectée ? » Un outil indispensable étant donné que le foie est « un organe silencieux. Chaque atteinte reste asymptomatique avant de s’aggraver en cancer ». Au total, ce cancer fait perdre la vie à près de 7 000 patients chaque année en France.
Autre aggravation répandue, la cirrhose considérée « comme une lésion pré-cancéreuse ». Aujourd’hui, 700 000 Français souffrent de cette atteinte asymptomatique. Parmi eux, « 3 à 5% finiront par développer un cancer ». Chaque année, la cirrhose est responsable de 10 000 à 15 000 décès.
Nash, alcool, hépatites…
La maladie du foie gras, (la NASH**), elle, prend de l’ampleur en France (16,7% des adultes en souffrent) comme dans le monde et provoque de plus en plus de cancers. Elle est associée à la malbouffe, au surpoids, à l’obésité, au diabète et au syndrome métabolique.
Le principal facteur de risque associé au cancer du foie reste l’alcool. Dépister au plus tôt ces maladies permet, quand il est encore temps, « de donner des conseils sur son hygiène de vie et/ou de mettre en place un suivi en addictologie pour les personnes présentant une dépendance à l’alcool ».
Mais le tableau des maladies hépatiques n’est pas complètement négatif : les pathologies du foie d’origine virale (hépatites B et C) reculent, grâce aux politiques vaccinales et à l’accès aux traitements. Des molécules (antirétroviraux) efficaces à quasiment 100% existent contre le virus de l’hépatite C. La vaccination contre l’hépatite B (devenue obligatoire chez le nourrisson en 2018) reste la principale approche efficace contre ce virus. Et certaines molécules* peuvent agir sur la lésion hépatique mais sans modifier l’ADN viral.
A noter : dans le monde, les maladies du foie touchent 844 millions de personnes (le double du diabète) et font 2 millions de morts chaque année.
*lamivudine, ténofovir, entécavir
**Stéatose hépatique non-alcoolique
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Source : Interview du Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts de Seine), le 16 janvier - Conférence d’hépatologie de Paris, organisée les 14 et 15 janvier
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche