Alzheimer : la voie nasale, une thérapeutique d’avenir ?

26 janvier 2022

Pour prévenir la grippe ou pour guérir une dépression, l’administration intranasale d’un vaccin ou d’un traitement a le vent en poupe. Au Japon et aux Etats-Unis, des équipes testent cette voie thérapeutique pour prévenir et ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer.

C’est une technique efficace et non invasive, qui mobilise depuis plusieurs années des équipes de chercheurs partout dans le monde. Aujourd’hui, la voie nasale pourrait bien rejoindre d’autres thérapeutiques destinées à prévenir ou à ralentir les effets d’une maladie qui touche plus de 35 millions de personnes dans le monde : la maladie d’Alzheimer.

Deux équipes ont récemment fait parler d’elles : courant novembre 2021, les Américains du Brigham and Women’s Hospital ont en effet annoncé le lancement d’un essai clinique dont l’objectif est de tester « la sécurité et l’efficacité d’un nouveau vaccin administré par voie nasale, destiné à prévenir et à ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer ». Un vaccin administré par voie nasale, donc, fruit de vingt ans de recherche.

Ce premier essai clinique sur l’homme porte sur un petit échantillon de 16 personnes atteintes d’un Alzheimer symptomatique et précoce. Le vaccin repose sur un agent intranasal déjà utilisé comme adjuvant dans d’autres vaccins. Cet agent stimule le système immunitaire et déclenche l’élimination des plaques amyloïdes, les « plaques séniles » caractéristiques de la maladie d’Alzheimer qui entraînent la destruction des neurones des malades.

Oligomères

Plus récemment, c’est une équipe japonaise qui a annoncé avoir élaboré une combinaison de Rifampicine, un antibiotique, et de Resvératrol, un antioxydant, administrable par voie nasale. Uniquement testée sur les souris à ce stade, cette combinaison cible les oligomères que l’on pense impliqués dans la formation précoce des plaques amyloïdes. Principal intérêt du traitement : il élimine les désagréments liés au Rifampicine utilisé seul, qui s’est déjà montré efficace pour améliorer la fonction cognitive mais qui peut provoquer des lésions hépatiques.

Les chercheurs japonais ont également remarqué que l’administration de cette combinaison par voie nasale entraînait une meilleure transférabilité du médicament vers le cerveau et renforçait la sécurité et les effets médicinaux. En d’autres termes, qu’elle avait amélioré l’efficacité du traitement, en tout cas chez les souris. Des essais cliniques mondiaux sur l’homme sont en préparation, indiquent les chercheurs.

A noter : En France, il est possible d’utiliser la voie nasale pour vacciner les enfants contre la grippe, mais également pour traiter les dépressions résistantes dans un cadre hospitalier. L’an dernier, l’Agence du médicament (ANSM) a refusé d’accorder une autorisation de mise sur le marché pour un spray anti-Covid n’ayant pas fait la preuve de son efficacité. Plusieurs équipes de chercheurs français travaillent actuellement sur l’élaboration d’un vaccin anti-Covid administrable par voie nasale.

  • Source : Brigham and Women’s Hospital, Frontiers in Neuroscience, le 18 janvier 2022

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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