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Baptisé Septembre en Or, le mois de septembre est dédié à la lutte contre les cancers de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte. Les cancers sont la première cause de décès par maladie chez les moins de 20 ans. Chaque année en France, selon l’Institut national du cancer, 2 260 enfants et adolescents sont atteints d’un cancer. 450 d’entre eux en meurent, soit 20 % des patients. 1 enfant sur 440 développe un cancer avant l’âge de 15 ans. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter depuis 30 ans en Europe avec une hausse de 1 à 2 % des cas de cancers par an.
A l’occasion de Septembre en Or, la Ligue contre le Cancer met en lumière quatre initiatives très prometteuses. Trois d’entre elles concernent directement le médulloblastome, la tumeur cérébrale maligne la plus fréquente chez l’enfant – 100 à 120 enfants en sont diagnostiqués chaque année en France. Le médulloblastome est une tumeur embryonnaire qui se développe au niveau du cervelet, à partir de cellules immatures présentes lors du développement de l’embryon.
Le médulloblastome est une tumeur invasive qui peut métastaser dans la totalité du système nerveux central, par la voie du liquide rachidien. « Au moment du diagnostic, près de la moitié des enfants présentent des métastases qui sont rarement symptomatiques », souligne le centre anti-cancer Gustave-Roussy. La majorité des tumeurs embryonnaires du système nerveux central surviennent avant l’âge de 10 ans (40 % avant 5 ans et 75 % avant 10 ans).
Afin d’identifier son talon d’Achille, l’équipe du Dr Olivier Ayrault a constitué à Paris la plus grande bio-banque au monde du médulloblastome. Avec près de 400 échantillons à disposition, le chercheur et son équipe « Signalisation, développement et tumeurs cérébrales » à l’Institut Curie étudient les quatre sous-types de la tumeur dans leur globalité – gênes, protéines, métabolisme. A terme, cette cartographie doit permettre de détecter de nouvelles cibles thérapeutiques pour mieux traiter cette maladie. Les thérapeutiques ciblées ne sont en effet pas suffisamment développées. Le traitement actuel repose sur la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, mais cette dernière, particulièrement toxique, est évitée le plus possible chez les jeunes enfants.
En 2018, les travaux de cette équipe avaient permis de décrire pour la première fois l’implication de la protéine SRC dans le sous-groupe le plus répandu. Aujourd’hui, les travaux se poursuivent : des études sont en cours pour évaluer comment cibler cette protéine SRC et élaborer de nouvelles stratégies thérapeutiques.
Autre piste mise en avant par La Ligue contre le cancer, retourner contre eux la dépendance de certains médulloblastomes agressifs à la nétrine-1, une molécule surexprimée dans de nombreux cancers agressifs. Cette protéine favorise la survie, la prolifération et la migration de différents types cellulaires, ce qui confère aux cellules cancéreuses des propriétés avantageuses, les rendant agressives.
L’idée du Dr Patrick Mehlen, biologiste au CNRS, et de son équipe ? Piéger la nétrine-1 grâce à un anticorps spécialement conçu, ce qui en priverait les cellules cancéreuses, stoppant ainsi leur développement. « Déjà évalué chez l’adulte pour le traitement de cancers avancés, le blocage de la nétrine-1, seul ou en association avec d’autres traitements, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques », précise la Ligue contre le cancer.
Comme expliqué plus haut, le médulloblastome et les autres tumeurs embryonnaires trouvent leur origine avant la naissance de l’enfant. Mais leur développement reste encore largement incompris. Comme il n’est pas possible d’accéder à un fœtus humain, la Dre Valérie Castellani, directrice de recherches au CNRS, a breveté un modèle in vivo étonnant : l’embryon de poule. Le principe ? Implanter des cellules tumorales humaines dans des territoires embryonnaires, des zones équivalentes à celles où elles apparaissent chez l’enfant. « En combinant l’embryologie expérimentale, l’étude des gènes et des techniques d’imagerie de pointe, les chercheurs peuvent ainsi prédire le devenir des cellules à l’échelle de l’embryon entier. Leurs résultats permettraient d’atteindre spécifiquement les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines », souligne la Ligue contre le cancer.
Source : Ligue contre le Cancer, Institut Curie, Gustave-Roussy
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet