Cholestérol : du bon usage des statines

19 février 2013

Les maladies cardio-vasculaires sont responsables de 150 000 décès chaque année en France. ©Phovoir

Dans un nouvel ouvrage, le pneumologue Philippe Even affirme que les statines, indiquées pour réduire le taux de mauvais cholestérol et largement prescrites dans de nombreux pays, sont purement inutiles. Il les accuse d’être « une arnaque de l’industrie pharmaceutique ». Face à ces propos, la Haute Autorité de Santé (HAS) s’inquiète d’un arrêt brutal de ces traitements chez certains patients. Elle en profite pour rappeler l’intérêt de ces molécules. Une crainte partagée par l’Académie nationale de médecine pour qui, “toute interruption serait plus dangereuse que bénéfique”.

Les affaires comme celles du Médiator  ou le scandale des prothèses mammaires PIP,  les débats suscités par les pilules de 3e et 4e générations entament chaque jour un peu plus la confiance des Français dans leur système de santé. La publication très médiatisée du prochain ouvrage de Philippe Even – un auteur au centre de nombreuses controverses- « risque d’augmenter encore cette défiance à l’égard des traitements existants et de ceux qui les prescrivent chaque jour pour soigner », se préoccupe la HAS.

« L’hypercholestérolémie n’est le plus souvent pas une maladie, mais elle augmente le risque de survenue de maladie cardio-vasculaire », rappelle-t-elle. D’autant plus si elle est associée à un autre facteur de risque, comme le diabète, l’hypertension artérielle (HTA) ou le tabagisme. En 2010, la HAS avait procédé à l’analyse critique de très nombreuses études. Elle avait conclu que « les statines ont une place dans la prise en charge de certains patients car elles sont associées à une baisse de la mortalité totale d’environ 10% et du risque de survenue d’un accident cardio-vasculaire. »

Pas de statine en l’absence de facteur de risque. 

En résumé, la prescription de statines est potentiellement indiquée chez un patient souffrant d’hypercholestérolémie :

  • Lorsqu’il a un antécédent d’accident cardio-vasculaire. Dans ce cas, « l’intérêt des statines est indiscutable », précise la HAS;
  • S’il n’a jamais eu d’accident mais qu’il cumule plusieurs facteurs de risque parmi lesquels le diabète, l’hypertension artérielle (HTA), le tabagisme…

En dehors de ces deux situations, et si le patient présente « une hypercholestérolémie non familiale isolée, il n’a pas été démontré que la prescription de statines était efficace », souligne la HAS. Elle constate également « un certain mésusage des statines en France ». D’une part « un recours abusif  en prévention primaire chez des personnes qui ne sont pas à haut risque cardiovasculaire ». A l’inverse, certains patients dont l’état justifierait la prescription de ces médicaments,  n’en bénéficient pas…

Dans ce contexte, la HAS dénonce la publication du livre de Philippe Even. « Inquiéter les malades, provoquer leur défiance vis-à-vis d’un traitement utile et vis-à-vis des médecins qui prescrivent leur traitement n’est pas responsable », accuse-t-elle. Les Entreprises du Médicaments (Leem) pour leur part, « déplorent la publication d’un nouveau réquisitoire contre le système du médicament ». Pour éviter les accidents, « les patients ne doivent pas interrompre leur traitement sans en avoir discuté avec leur médecin », insiste la HAS.

Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : David Picot

  • Source : HAS, 14 février 2013 – Leem, 14 février 2013 – France Info, 14 février 2013

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