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© Pavel L Photo and Video/Shutterstock.com
Santé publique France publie ce jeudi 5 décembre un rapport dense de plus de 130 pages. Il s’agit d’une EQIS, acronyme pour “évaluation quantitative des impacts sur la santé”. L’étude s’est donc attachée à évaluer les impacts sur la santé de plusieurs actions entreprises par trois métropoles, Rouen, Montpellier et Lille. Celles-ci concernent les espaces verts urbains, les mobilités actives, la pollution de l’air, le bruit des transports et la chaleur. Selon l’étude, ces actions, outre le fait de lutter contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité, contribuent effectivement à protéger la santé des populations actuelles et futures :
« Les politiques publiques visant à augmenter le nombre d’espaces verts urbains, promouvoir les mobilités actives (marche et vélo), améliorer la qualité de l’air, et réduire le bruit des transports et la chaleur en ville se traduisent annuellement par des bénéfices importants pour la santé de l’ensemble des habitants de chaque métropole, en termes de mortalité, de morbidité, de recours aux soins et de gêne », affirme l’agence sanitaire.
Parmi les chiffres saillants de l’étude :
« La voiture demeure encore très utilisée, même pour les trajets très courts ; si 90 % des déplacements de moins de 1km étaient réalisés en marchant, on pourrait éviter entre 2 et 3 % de la mortalité, soit entre 100 et 200 décès par an, selon la métropole », ajoute le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.
Vélo, marche à pied, baisse de l’exposition à la pollution de l’air, au bruit, à la chaleur ; les bénéfices sanitaires de ces leviers sont bien documentés. Mais, même si on le soupçonne aisément, les bénéfices sanitaires des espaces verts sont moins connus. Pour rappel, les espaces verts correspondent, selon l’OMS, à « tout terrain urbain sur lequel se trouve toute sorte de végétation, qu’elle soit sur des terrains privés ou publics, quelles que soient sa taille ou ses fonctions, et peut inclure des zones ‘bleues’ (comme des étangs, des lacs ou des ruisseaux) et des rues longées d’arbres ». Selon l’étude, la mortalité pourrait être réduite de 3 à 7 % en végétalisant davantage les villes, soit 80 à 300 décès par an. Dans le détail, si dans chaque espace urbain représentatif, les niveaux de végétalisations atteignaient ceux des espaces les plus végétalisés des trois métropoles étudiées, 4 % des décès seraient évités à Lille, 3,7 % à Montpellier et 6,8 % à Rouen. Les bénéfices seraient encore plus importants dans les zones défavorisées.
Selon les scénarios locaux mis en place, « un espace vert peut contribuer à éviter entre 1 et 2 décès par an parmi la population résidente, soit entre 1,6 % et 5,9 % de la mortalité annuelle selon les cas ».
Notez que la présente étude ne s’est intéressée qu’à la mortalité, mais les espaces verts agiraient sur la morbidité, la santé cardiovasculaire, la santé mentale et le bien-être.
Les bénéfices pour la santé engendrés par les espaces verts se manifestent via des mécanismes complexes :
Cette étude prouve que les choix d’aménagements urbains et les décisions des acteurs locaux peuvent influencer positivement la santé des Français. Pour le Dr Caroline Semaille, « agir sur ces facteurs implique des transformations importantes du territoire, qui doivent être concertées et planifiées pour être durables et équitables ».
Source : Santé publique France, agir sur les espaces verts, les mobilités actives, la chaleur, la pollaution de l’air et le bruit : quels bénéfices pour la santé ? Evaluation quantitative des impacts sur la santé pilote sur trois métropoles, décembre 2024.
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet