Grossesse, post-partum : un risque accru d’AVC et de syndrome coronaire aigu

05 septembre 2023

Une étude publiée dans le Bulletin épidémiologie hebdomadaire de Santé publique France montre qu’outre les facteurs de risques classiques de l’AVC et du syndrome coronaire aigu (SCA), les désordres hypertensifs liés à la grossesse et les changements physiologiques lors du post-partum représentent un surrisque pour les femmes.

Entre 2010 et 2018, 1 261 accidents vasculaires cérébraux (AVC) et 225 syndromes coronaires aigus (SCA) sont survenus chez des femmes enceintes ou en post-partum. Soit une incidence respective de 24 AVC et 4,3 pour 100 000 personnes-années – unité de mesure qui correspond au produit du nombre de personnes suivies dans une cohorte par la durée moyenne d’observation de ces personnes.

Une équipe de chercheurs français, chapeautée par Santé publique France, s’est intéressée à ces pathologies rares mais très graves afin d’en connaître plus précisément les facteurs de risques. Outre le risque vital pour la mère et l’enfant, le risque de lourdes séquelles fonctionnelles et cognitives est également très élevé. « Les maladies cardio-neuro-vasculaires sont devenues la première cause de mortalité maternelle depuis 2015 avec une forte proportion de décès considérés comme évitable », lit-on ce mardi 5 septembre dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France.

Des facteurs de risques liés à la grossesse

Les chercheurs ont analysé les données de la cohorte Conception constituée à partir des données du système national des données de santé. Toutes les femmes âgées de 15 à 49 ayant accouché en France entre 2010 et 2018 ont été incluses dans l’analyse. Selon les résultats publiés ce mardi, un AVC survient toutes les 5 000 grossesses et un syndrome coronaire aigus (SCA) – obstruction soudaine d’une artère coronaire – toutes les 23 000 grossesses.

« Nous avons mis en évidence une incidence particulièrement élevée de tous les types d’AVC et de SCA pendant le péri-partum et le postpartum », écrivent les auteurs de l’étude. Après analyse des données, les chercheurs ont ainsi identifié les facteurs cardiovasculaires classiquesdiabète, obésité, hypertension, chronique, tabac – mais aussi les désordres hypertensifs de la grossesse – hypertension gravidique, prééclampsie, éclampsie – comme facteurs de risques principaux. L’âge de la mère est également cité. Après l’accouchement, les modifications physiopathologiques comme la diminution importante du volume sanguin, les changements hormonaux rapides, les modifications hémodynamiques et de la paroi vasculaire pourraient aussi être en cause dans la survenue de ces pathologies.

Des inégalités socio-économiques

« Des mesures de prévention doivent être promues plus intensément, au vu des facteurs de risques cardiovasculaires modifiables impliqués dans la survenue de ces maladies cardiovasculaires chez les femmes enceintes », lit-on dans l’article publié ce 5 septembre. Les chercheurs citent notamment le tabac, avec 12,2 % des femmes qui fumaient encore au troisième trimestre de grossesse selon l’étude.

Autre facteur de risque modifiable, le surpoids. « Les données de l’enquête nationale périnatale menée entre 1998 et 2016 montrent une augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les femmes enceintes sur cette période, ce qui constitue un véritable enjeu pour limiter la morbidité cardiovasculaire de la grossesse », écrivent les scientifiques. Ils recommandent également de traiter l’hypertension artérielle préexistante, même légère, pendant la grossesse. Cela « limiterait notamment le risque de survenue d’une prééclampsie, très associée aux événements cardiovasculaires de la grossesse ».

L’étude a également mis en lumière les inégalités socio-économiques quant à la survenue des deux pathologies. « L’incidence de ces événements de la grossesse augmentait de manière significative avec un faible niveau socio-économique », note les chercheurs. Les auteurs demandent ainsi que ces inégalités soient prises en compte afin de cibler dans les messages de prévention les femmes les plus précaires.

  • Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire du mardi 5 septembre de Santé publique France

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

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