Le cannabis, une méthode de sevrage tabagique ?
29 février 2016
Un joint de cannabis dégagé 5 à 6 fois plus de fumée que la cigarette JuNiArt /shutterstock.com
Remplacer le tabac par le cannabis pur comme méthode de sevrage tabagique. Surprenante, cette méthode consiste à remplacer un stimulant addictif (légal), le tabac, par une substance psychotrope (illégale), le cannabis. Réduction des risques pour les uns, exposition accrue aux méfaits du cannabis pour les autres, les positions diffèrent.
Dans son communiqué du 16 février, l’Académie nationale de médecine s’oppose à l’utilisation du cannabis dans une démarche de sevrage tabagique. Soit de remplacer le tabac par du cannabis pur, vapoté ou inhalé. Selon l’Académie, « les dispositifs comme les pipes à eau, les nébuliseurs ou les vapoteurs délivrent davantage de THC que le simple joint. »
Mais pour le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière et président de l’Office français de prévention du tabagisme, le cannabis en inhalation ne présente pas la toxicité de la fumée issue de la combustion du cannabis (atteintes chroniques respiratoires et cancer du poumon). Autre point, le THC contenu dans le cannabis est en effet une substance moins addictogène que la nicotine du tabac.
Des risques bien connus
« Mais en aucun cas le cannabis mélangé à la cigarette constitue une alternative pour arrêter de fumer », rappelle le Pr Dautzenberg. « Régulière ou occasionnelle, la consommation de cannabis provoque les mêmes effets que le tabac et l’alcool sur les fonctions cardiaques et respiratoires. Et cette substance provoque en plus « des dégâts neurologiques sur le cours et le long terme », rappelle le Pr Dautzenberg. Lorsqu’elle devient régulière puis indispensable, la consommation de cannabis multiplie par 3 le risque de schizophrénie et fragilise les capacités de mémorisation chez les adolescents. « Une consommation quotidienne est dangereuse, ce problème médical doit mener à la consultation ».
« Le THC favorise des perturbations cognitives et la survenue de troubles neuropsychiatriques qui peuvent être irréversibles », rappelle l’Académie nationale de médecine. “Notamment lorsque la consommation de cannabis survient précocement chez l’adolescent“.
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Source : Académie nationale de Médecine, le 16 février 2016.Interview du Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière et président de l’Office français de prévention du tabagisme, le 17 février 2016.
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Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet