Maladie de Crohn : prendre en charge les troubles de l’humeur pour réduire l’inflammation

30 janvier 2024

Selon des chercheurs anglais, l'amélioration de l'humeur au moyen de thérapies psychologiques, comportementales ou l’exercice physique, peut réduire l'inflammation de 18 % chez les personnes atteintes de maladies inflammatoires de l'intestin, notamment la maladie de Crohn.

L’inflammation se produit en réaction à une agression, qu’elle soit externe (comme une infection ou une allergie) ou interne (par exemple, des cellules cancéreuses). Une inflammation chronique peut également se développer en réponse à des facteurs environnementaux ou au mode de vie, tels que la pollution ou une alimentation déséquilibrée. Cette inflammation favorise alors certaines maladies, notamment l’obésité ou les maladies cardiovasculaires. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, résultent d’une inflammation du tractus digestif, à l’origine de symptômes physiques tels que douleurs abdominales, diarrhées, fatigue, incontinence fécale, etc.

Soigner les troubles de l’humeur pour régulier l’inflammation

Les chercheurs de l’Institute of Psychiatry, Psychology & Neuroscience du King’s College à Londres ont découvert que des interventions visant à améliorer l’humeur, telles que la thérapie, les antidépresseurs et l’exercice, étaient liées à des réductions de près de 18 % des niveaux de biomarqueurs inflammatoires chez les personnes atteintes de MICI. Ces biomarqueurs incluaient la protéine C-réactive et la calprotectine fécale, spécifiques des MICI.

Ces conclusions sont issues d’une revue systématique et d’une méta-analyse publiées dans eBiomedicine, une revue de The Lancet Discovery Science. C’est la première fois que l’on explore la relation entre les interventions visant à traiter l’humeur et les niveaux de biomarqueurs inflammatoires dans les maladies inflammatoires de l’intestin.

Les chercheurs ont ainsi examiné 28 essais contrôlés randomisés portant sur plus de 1 700 participants. Les thérapies, en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), l’acceptation et l’engagement, ainsi que la réduction du stress basée sur la pleine conscience, ont démontré les résultats les plus convaincants en termes de réduction de l’inflammation, surpassant ainsi les effets des antidépresseurs et de l’activité physique.

Approches psychologiques et médicaments, ensemble pour réduire l’inflammation

« Nos résultats indiquent que les interventions psychologiques pourraient être une stratégie efficace pour améliorer la santé mentale et réduire l’inflammation dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin », résume le Dr Natasha Seaton, première auteure de l’étude. Une aide complémentaire aux médicaments non négligeable pour les patients.

La Pr Valeria Mondelli, chercheuse en psycho-neuroimmunologie au King’s College, ajoute :  « Notre étude suggère que l’amélioration de l’humeur peut influencer les maladies physiques en modulant le système immunitaire. Nous savons que le stress peut augmenter l’inflammation, et ces résultats suggèrent qu’en améliorant l’humeur en général, nous pouvons réduire ce type d’inflammation. Cela s’ajoute aux recherches montrant le rôle de l’inflammation dans la santé mentale (les études sur la dépression sont nombreuses à le montrer, ndlr). »

Les interventions visant à améliorer les troubles de l’humeur produiraient des effets physiques directs sur les niveaux d’inflammation, c’est désormais certain. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les mécanismes exacts dans les MICI.

  • Source : Do interventions for mood improve inflammatory biomarkers in Inflammatory Bowel Disease ?: A Systematic Review and Meta-Analysis’ eBiomedicine. DOI: 10.1016/j.ebiom.2023.104910.

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Vincent Roche

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