Nourrissons : les raisons d’être du calendrier vaccinal
06 octobre 2015
©Phovoir
Parmi les arguments avancés par les antivaccinaux, le nombre important de valences administrées en peu de temps à un nourrisson revient fréquemment. Or le calendrier vaccinal – chargé – du début de la vie de l’enfant est justifié. Et le fait d’injecter plusieurs valences dans un même vaccin présente un intérêt pour le confort du petit. Les explications du Dr Daniel Floret, président du Comité technique des Vaccinations.
« L’argument selon lequel les vaccinations recommandées dans le calendrier vaccinal du nourrisson épuiseraient le système immunitaire est une légende », affirme le Dr Floret. « Celui-ci est capable de répondre à une multitude de stimulis bien plus agressifs que les immunisations ! » Microbes de l’extérieur et de l’intérieur, bactéries qui passent dans le système sanguin au cours de la digestion… « Nous ne faisons pas de septicémie pour autant », note-t-il.
D’ailleurs, le vrai problème consiste à injecter quatre ou cinq vaccins – avec une piqûre pour chacun – au cours de la même consultation. « C’est ce qu’ont longtemps fait les Américains avec des vaccins monovalents », souligne-t-il. « Un problème en termes d’acceptabilité pour l’enfant. » C’est pourquoi les vaccins combinés ont été développés. Pour réduire le nombre d’injections tout en permettant de protéger les enfants contre de nombreuses maladies graves.
Reste que « le fait d’injecter certains vaccins en même temps peut créer des problèmes de tolérance et donc favoriser les effets secondaires », admet le Dr Floret. « Mais les études ont montré qu’il n’y avait pas d’interférence de la réponse immunitaire. »
Toutes sont vraiment des maladies graves
D’ailleurs, contrairement à ce qu’avancent certains opposants aux vaccinations, « toutes les valences inscrites au calendrier sont nécessaires et doivent être réalisées », insiste le Dr Floret. « On va pas me dire que la protection contre la coqueluche n’est pas essentielle, ou que l’hépatite B n’est pas grave alors qu’elle est à l’origine de 1 300 morts par an dans le pays ! » Bien sûr « il n’y a pas d’épidémies comme il y en a eu pour la poliomyélite ou la diphtérie », souligne-t-il. « Mais ce sont quand même des maladies graves qui touchent souvent les jeunes nourrissons et sont d’ailleurs d’autant plus sévères chez eux. »
Voilà d’ailleurs pourquoi le calendrier vaccinal prévoit autant de vaccins à un si jeune âge : les petits sont les plus exposés et les plus fragiles face aux maladies infectieuses. Heureusement, en France « la couverture vaccinale des nourrissons préconisée par le calendrier s’établit à plus de 95% », se réjouit Daniel Floret. « Mais il reste quelques réticences avec des maladies telles que la rougeole, pour laquelle la couverture augmente mais reste insuffisante pour obtenir l’objectif souhaité : son élimination. » D’autres pathologies pouvant être prévenues par vaccination ont une mauvaise couverture. C’est le cas de la valence du méningocoque car beaucoup de médecins n’ont jamais vu d’infection à méningocoque », explique-t-il.
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Source : interview du Dr Daniel Floret, président du Comité technique des Vaccinations, 28 septembre 2015
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet