Perturbateurs endocriniens : le stand-by de la Commission européenne
28 février 2017
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Omniprésents dans notre environnement (emballages alimentaires, cosmétiques…), les perturbateurs endocriniens altèrent notre équilibre hormonal. Une toxicité telle que la réglementation de ces produits devait faire l’objet d’un vote aujourd’hui à la Commission européenne. L’enjeu était de trancher sur l’interdiction et la mise en place du principe de précaution. Mais la majorité n’a pas été obtenue, creusant davantage le fossé entre santé publique et pouvoir industriel.
Ce 28 février, la Commission européenne n’a pas obtenu de majorité concernant la définition des critères associés aux perturbateurs endocriniens (PE) d’une part, et leur classification parmi les produits soumis au principe de précaution d’autre part. Le texte de loi n’a pas convaincu du côté des Etats Membres, loin de là. Déjà, le 21 décembre 2016, ce texte suscitait de vives critiques de la part des associations et du gouvernement français. Une dérogation proposait en effet d’exclure certains pesticides de la liste des perturbateurs endocriniens. Dans les faits, elle se traduirait par « une mise à l’abri de 8 700 produits pesticides de l’interdiction sur le marché ».
« La Commission européenne va-t-elle enfin comprendre que les Européens veulent une proposition de définition des PE qui les protège réellement des dangers de ces substances ou bien va-t-elle continuer à n’écouter que le son de cloche des lobbies de l’agrochimie ? », a ainsi réagi l’association Générations Futures ce 28 février. Laquelle voit dans cette mesure « un nouveau cadeau pour l’industrie chimique au mépris de la santé publique ».
Tous ces toxiques doivent être considérés comme dangereux. En effet, même à dose faible, de nombreux pesticides agissent comme des perturbateurs endocriniens et altèrent donc le système hormonal, notamment dans le cas d’exposition fœtale. Ils entraînent sur le long terme une cascade de risques pour la santé comme la survenue d’un diabète, de troubles de la fertilité ou de cancers.
La balle dans le camp des politiques
Génération Futures appelle d’ailleurs le ministère de l’environnement à « maintenir la pression » face aux lobbys et à la position de la Commission européenne. C’est chose faite. Selon Ségolène Royale, qui s’est exprimée dans la foulée des résultats du vote, « la Commission européenne n’a pas pris en compte les demandes de la France ». Soit de considérer l’interdiction de tous les perturbateurs endocriniens présumés, et non seulement ceux pour lesquels la toxicité est avérée. Mais aussi de tenir compte du risque de toxicité pour « chacune des substances ».
A l’échelle européenne, les critiques se répandent sur le champ des perturbateurs endocriniens. L’opposition est si vive entre la Commission et les Etats Membres qu’elle « parvient même à rassembler les sénateurs français avec la position du gouvernement », pointe d’ailleurs Générations Futures. Cette problématique intègre d’ailleurs une partie des programmes de la Présidentielle 2017. Ainsi Benoît Hamon, candidat PS, a-t-il initié le débat en prônant l’interdiction totale des perturbateurs endocriniens. Une position que rejoint Yannick Jadot du côté des écologistes. Au Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon se demande également si « la Commission prend en compte l’avis des scientifiques avant toute nouvelle autorisation de ce type de substance ? ». Emmanuel Macron (à la tête du mouvement En marche !) perçoit comme impossible le retrait total de ces substances, mais défend une interdiction progressive. Enfin, François Fillon, pour les Républicains remet en question le principe de précaution.
A noter : à ce jour, le bisphénol A est interdit dans les contenants alimentaires en France, dans les tickets de caisse au niveau européen. Concernant sa présence dans les jouets, Ségolène Royale « a signé un arrêté obligeant à une réduction drastique de la quantité [de ce perturbateur endocrinien] dans un objectif de la disparition complète.
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Source : Générations Futures, Ministère de l’environnement, le 28 février 2017
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche