Tout savoir sur le lien parent-bébé

25 janvier 2021

Pendant la grossesse, les parents projettent inévitablement la rencontre avec l’enfant. A la naissance, le tout-petit ne ressemble pas toujours à la personne que l’on s’était imaginé. Plénitude, joie, difficulté à créer le lien… la relation parent-bébé n’est pas toujours évidente et peut générer des émotions ambivalentes.

Pour la maman, l’attachement à l’enfant commence dès la grossesse, « en prenant conscience et en ressentant la présence d’un bébé en devenir dans son corps ». Pour le conjoint, le lien physique n’existe pas mais la communication avec le fœtus est possible, notamment avec la voix ou des techniques comme l’haptonomie. A la naissance, « le peau-à-peau avec les parents et la tétée d’accueil » sont les premiers contacts parents-enfant.

Ensuite, le lien d’attachement se nourrit des voix, des gestes, des odeurs… tout ce qui entraîne une stimulation sensorielle et émotionnelle chez le petit et les parents. « Les réactions du bébé vont rassurer le parent, dans le fait qu’il est capable de le comprendre, de communiquer avec lui. » Certains conjoints peuvent avoir du mal à comprendre les réactions de leur petit, et « disent se sentir un peu extérieur au début ». Pour d’autres cela est très instinctif : les réactions (apaisement, babillage, regard, sourire…) de l’enfant vont venir le rassurer.

Dans tous les cas, « l’attachement est une œuvre de longue haleine (…). Il s’exprime par des vagues d’amour qui vous inondent, des moments d’anxiété qui vous stressent, des doutes, des questionnements », décrit Laurence Pernoud. « Chacun des signes que votre bébé vous renvoie vous touche et vous lie toujours plus à lui. »

Des liens plus compliqués

Certains contextes compliquent parfois la relation du parent et du couple avec son enfant : « les bébés qui pleurent beaucoup, les tétées compliquées, les enfants qui ne prennent pas de poids, qui ont des ennuis digestifs, des bébés hypersensibles au contact de la peau, les bébés prématurés » Si vous vous sentez désemparés, n’hésitez pas à vous entourer de vos proches, à prendre rendez-vous avec un pédiatre, votre médecin traitant, avec une sage-femme libérale ou un professionnel de la PMI. Pour les bébés hospitalisés en néonatologie à la naissance, le lien peut être particulier mais assuré par « la présence des parents dans le service », la sollicitation « du peau-à-peau par les deux parents, l’allaitement ».

Certaines grossesses font remonter des séquelles psychologiques, souvent liées à « la réactivation des conflits infantiles » et parfois à de véritables « crises d’identité », détaille le Dr Naïma Boukhalfa Hamdane, psychiatre. Une dépression du parent peut fragiliser l’attachement : « le parent reste silencieux, passif. Peu à peu, l’absence de réponse va provoquer chez l’enfant soit un retrait (il ne demande plus rien) soit un manque (il pleure sans cesse », décrit Laurence Pernoud. « Un état d’agitation, d’excitation, d’irritabilité peut surgir et entraîner des troubles du sommeil, digestifs et parfois un retard de développement. » Un suivi psychologique sera nécessaire pour permettre au parent de se libérer de son poids du passé.

Le lien avec bébé peut aussi ne pas être évident pour les couples ayant attendu plusieurs années l’arrivée de leur petit, en cas de long parcours en PMA notamment. Lorsque la procréation se fait par don de gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes), les mamans ou les papas peuvent aussi se sentir gênés par  l’absence de lien biologique avec le petit. « Cet enfant qui ne vient pas de soi, peut figer la relation fantasmatique mère-bébé », étaye notamment le Dr Boukhalfa Hamdane dans son livre « Impact de certaines Procréations Médicalement Assistées (PMA) complexes sur le vécu de maternalité ». Bien sûr, chaque histoire est particulière. Mais « les professionnels de la périnatalité sont cependant unanimes sur l’importance du suivi psychologique des femmes et du couple ayant bénéficié d’une PMA, et l’importance que ce suivi se poursuive en postnatal pour mieux soutenir les premiers liens parents enfant. »

  • Source : « J’élève mon enfant », Laurence Pernoud, Edition Horay, 500 pages, 29,90 euros - « Impact de certaines Procréations Médicalement Assistées (PMA) complexes sur le vécu de maternalité », Naïma Boukhalfa Hamdane, Dans Topique 2011/3 (n° 116), pages 123 à 126

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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