Cadmium in utero : risque d’asthme et d’allergies

11 septembre 2020

Lorsqu’une femme est exposée à des taux de cadmium trop importants durant sa grossesse, son enfant est à risque d’asthme et d’allergies. C’est le constat d’une étude menée par une équipe Inserm. Une raison supplémentaire pour restreindre l’usage de ce métal lourd dans les objets d’usage courant.

L’usage du cadmium dans la fabrication industrielle des pigments ou d’objets tels que les batteries est restreint par l’Union européenne. Toutefois, il a longuement été utilisé sans limites. Il se trouve en outre encore dans les cigarettes et peut entrer dans l’organisme par le biais du tabagisme passif. Ce métal lourd peut également pénétrer dans l’organisme via l’alimentation et la boisson. C’est pourquoi l’équipe du Pr Isabella Annesi-Maesano de l’Inserm* a souhaité évaluer l’impact de cette substance sur la santé des enfants exposés in utero.

Les chercheurs ont suivi 706 femmes pendant leur grossesse puis jusqu’aux 8 ans de leur enfant. Ils ont notamment mesuré la quantité de 3 métaux lourdscadmium, manganèse et plomb – dans le sang des femmes enceintes puis dans celui du cordon ombilical juste après l’accouchement. Ils ont ensuite noté les cas d’asthme, de rhinite allergique, d’eczéma et d’allergies alimentaires chez les enfants.

Allergies alimentaires : 44 % de risque en plus

Résultat, les enfants dont le taux de cadmium était supérieur à 0,7 microgramme de cadmium par litre (μg/L) de sang dans le cordon ombilical avaient un sur-risque de 24 % de développer un asthme. Et ce comparé à ceux ayant moins de 0,3 μg/L. Le risque d’allergies alimentaires était lui augmenté de 44 %!

« Notre étude ne fournit aucune explication à ce phénomène, mais il se pourrait que le cadmium interfère avec le développement du système immunitaire du bébé », suggèrent les auteurs. « Et nous pensons que cela pourrait avoir un effet sur les réactions allergiques durant l’enfance. » En tout cas, « étant donnés les dangers connus liés à l’exposition au cadmium comme aux autres métaux lourds, ce travail encourage une régulation stricte de leur usage », concluent-ils.

*département d’épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires de l’Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé publique

  • Source : European Lung Foundation, 2 septembre 2020

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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