Deux fois plus de cas de maladie de Parkinson d’ici 2050 : quel est l’impact des pesticides ?

11 avril 2025

A l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, France Parkinson pointe le rôle des pesticides dans la flambée de cette maladie dont le nombre de cas devrait augmenter de 112 % d’ici 2050. Pour endiguer cette déferlante, le principe de précaution doit être une priorité absolue.

Destination Santé s’en était fait l’écho en mars 2025. Une étude chinoise, publiée dans la revue The BMJ, indiquait que le nombre de nouveaux cas de maladie de Parkinson avait augmenté de 81 % entre 2000 et 2020. Pire, d’ici à 2050, 25,2 millions de personnes vivront avec cette maladie, soit une augmentation de 112 % des cas. Certaines régions, comme l’Asie de l’Est et l’Afrique subsaharienne devraient être les plus durement touchées. En Europe de l’Ouest, la prévalence de la maladie devrait augmenter de 100 % d’ici 2050. En France, 270 000 personnes sont atteintes de la maladie de Parkinson et maladies apparentées, avec 27 000 nouveaux cas par an. Selon les chiffres de l’association France Parkinson, 1 personne sur 50 sera touchée au cours de sa vie.

La maladie fait chuter de 5 ans l’espérance de vie moyenne et augmente de 8 ans les années vécues avec une incapacité. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les années de vie ajustées sur l’incapacité dues à la maladie de Parkinson ont augmenté de 81 % depuis 2000. Et les décès ont augmenté de plus de 100 %.

Le vieillissement de la population et les pesticides

Comment expliquer cette « déferlante » ? Sans surprise, le vieillissement de la population reste le principal facteur à l’origine de cette augmentation des cas de maladie de Parkinson ; à hauteur de 89 %. Mais « le facteur environnement a également une part de responsabilité indéniable », prévient France Parkinson. L’exposition aux pesticides joue un rôle dans le développement de la maladie et pourrait favoriser son augmentation. D’ailleurs, depuis 2012, la maladie peut, sous certaines conditions, être reconnue comme maladie professionnelles chez les agriculteurs.

En 2018, Santé publique France soulignait qu’environ 1 800 nouveaux cas par an se sont déclarés chez les exploitants agricoles âgés de 55 ans et plus, ce qui correspond à une incidence de 13 % plus élevée que chez les personnes affiliées aux autres régimes d’assurance maladie. L’incidence de la maladie est plus élevée chez les habitants des zones les plus agricoles, y compris dans la population qui ne travaille pas dans l’agriculture, ajoutait Santé publique France. Les régions viticoles semblent particulièrement concernées.

L’effet cocktail des pesticides

Aux Pays-Bas, ce petit pays européen qui a fait le choix de l’agriculture intensive notamment pour la culture de la tulipe, les cas de Parkinson flambent avec une augmentation de 30 % en 10 ans. Pour le Pr. Bas Bloem, neurologue spécialiste de Parkinson à l’université de Radboud aux Pays-Bas, la situation est très préoccupante : « Si on expose les cellules à un seul pesticide, c’est toxique à partir d’une certaine quantité de produit. Mais quand il y a deux pesticides, alors il suffit d’une toute petite quantité pour que ce soit très toxique », déclarait-il, interrogé par Franceinfo. Et de poursuivre : « quand on étudie les zones proches des champs de tulipes, les chiffres sont plus élevés. Soit vous l’inhalez, et vous perdez alors l’odorat et les toxines vont directement au cerveau, soit vous le mangez ou vous le buvez, par exemple avec votre vin français, et cela tue des cellules dans l’intestin avant de remonter le long du nerf vague. Dans un premier temps, cela perturbe les rêves et après, vous développez le Parkinson ».

Plaidoyer pour l’application du principe de précaution

En France, selon France Parkinson, la présence de vignobles augmente l’incidence locale de la maladie d’environ 10 %. Pourtant, « la viticulture “conventionnelle”, la plus gourmande en pesticides, englobe 20% de l’utilisation totale de ces substances en France, alors qu’elle n’occupe que 3 % des surfaces cultivées ».

Pour l’association, « le principe de précaution, et la prévention doivent être des priorités absolues pour ralentir la progression du nombre de personne malades ». C’est pourquoi elle conteste, avec le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, Foodwatch et l’UFC-Que Choisir, devant la Cour de justice européenne, le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, classé cancérogène probable par le Circ et soupçonné d’être associé au développement des maladies neurodégénératives telles que Parkinson.

France Parkinson appelle les pouvoirs publics à prendre la mesure de l’enjeu et rappelle l’urgence de la mise en œuvre de la stratégie nationale Maladies neurodégénératives, dont la feuille de route est attendue depuis un an.

  • Source : The BMJ, Santé publique France, France Parkinson

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

Destination Santé
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