Levothyrox : Merck passe une seconde commande de l’ancienne formule
14 novembre 2017
Diego Cervo/shutterstock.com
Un second approvisionnement en ancienne formule de Levothyrox (Euthyrox) arrivera prochainement dans les pharmacies de France. Environ 200 000 boîtes seront en vente. Une demande adressée ce lundi 13 novembre par le président de l’ANSM au président du laboratoire Merck. Objectif, donner au patient le temps de s’adapter au changement. Interview de Thierry Hulot, président du groupe Merck en France.
A ce jour, il reste 40 000 boîtes de l’ancienne formule de Levothyrox (Euthyrox) sur le marché. Des médicaments importés d’Allemagne pour répondre de façon temporaire à la demande des 15 000 plaignants souffrant d’effets indésirables depuis la commercialisation de la nouvelle formule.
A la demande de l’ANSM, « nous allons prochainement réimporter environ 200 000 boîtes d’Euthyrox pour garantir un renouvellement de l’ordonnance, pour que les patients aient le temps de faire le point avec le médecin généraliste et leur endocrinologue. Mais aussi pour permettre à d’autres formulations alternatives d’arriver sur le marché », déclare Thierry Hulot, président du groupe Merck en France. Ainsi, grâce à cette mesure temporaire, « les patients pourront choisir la solution qui leur correspond le mieux pour atteindre leur équilibre thyroïdien ». Un délai bienvenu pour un médicament à marge thérapeutique étroite. Rappelons à ce sujet qu’il existe d’autres solutions thérapeutiques et des génériques arriveront sur le marché fin novembre.
Il est recommandé aux patients qui supportent bien la nouvelle molécule de ne pas changer de traitement. En revanche, les patients dont la qualité de vie est altérée depuis le changement de formule doivent consulter leur médecin pour bénéficier temporairement de l’Euthyrox.
« Qui dans ce pays détient le pouvoir de police sanitaire ? »
Cette décision survient alors que ce 14 novembre, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Toulouse a condamné le laboratoire Merck à délivrer de l’Euthyrox à 25 patients. Ces derniers avaient déposé plainte pour effets indésirables graves liés à la nouvelle formule. Une décision judiciaire prise à l’échelle locale donc : ces 25 patients ont eu gain de cause car ils vivent dans le département de Haute-Garonne. Le TGI de Toulouse s’est en effet déclaré incompétent pour les 65 autres plaignants vivant à l’extérieur de ce département.
« Je ne sais pas si vous comprenez la situation mais moi je ne la comprends plus », déclare Thierry Hulot, soulignant le caractère « paradoxal de ce jugement. Aujourd’hui, le juge d’un tribunal civile délivre une ordonnance pour sécuriser la distribution d’une ancienne formulation à 25 patients ». Une décision qui va totalement à l’encontre « de l’injonction de l’ANSM d’arrêter cette ancienne formule, jugée insuffisamment stable, pour passer à une nouvelle ». Mais alors, « qui dans ce pays détient le pouvoir de police sanitaire ? », interroge Thierry Hulot. « Je vais faire appel de cette décision car selon moi un juge civil ne peut se substituer à l’agence du médicament. »
-
Source : Interview de Thierry Hulot, président du groupe Merck France, le 14 novembre 2017
-
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet